mardi 25 janvier 2011

Simply the TATE

Summertime, Jackson Pollock

Une de mes résolutions en arrivant ici était de faire des trucs que je n’ai pas l’habitude de faire lorsque je suis à Montréal, mais que j’adore. Pour vous donner quelques exemples, j’apprécie énormément aller me promener sur le Mont-Royal, mais je n’y vais que très rarement; j’ai un faible pour la projection de vieux films à la cinémathèque, mais la dernière à laquelle j’ai assisté remonte aux Parapluies de Cherbourg deux hivers passés (!); je suis friande de musique live, mais si ce n’était pas de mon frère et de Miss Marie je louperais tous les bons spectacles. Vous voyez le topo.

Or, la chose que j’aime le plus, d’entre toutes les choses que nous offre notre environnement urbain, c’est d’aller au musée. Malheureusement, pour plusieurs raisons dont la principale est d’être paresseuse, je n’y vais pas assez à mon goût. D'ailleurs, je suis bien déçue de ne pas être allée voir l’exposition « La Rue Ste-Catherine fait la une » au musée Pointe-à-Callière avant mon départ. Je pourrai peut-être éviter de la manquer en y accourant dès mon retour : l’expo prend fin le 24 avril.

Les gens qui me connaissent bien savent que j’affectionne tout particulièrement les musées d’art. C’est probablement grâce à ma mère que j’aime autant me balader entre les toiles et les sculptures. Elle avait l’habitude de nous amener voir des expositions et de nous expliquer ce qui se présentait devant nous de manière à ce que le Ceci n’est pas une pipe de Magritte ait un sens plus profond que celui détecté par un œil de junior. Sans suranalyser, elle prenait le temps de nous parler de l’histoire du peintre, de nous faire discuter de l’œuvre, de nous demander quel effet elle nous faisait, pourquoi on trouvait ça beau ou laid. Encore aujourd’hui elle est ma partenaire favorite pour aller découvrir le travail de tous ces artistes plus ou moins connus qui se cache dans nos musées.

Fidèle à mon intention, je suis partie dimanche matin en direction du TATE Modern. Le TATE a deux maisons à Londres (Britain et Modern) et deux autres à l’extérieur de la ville (à Liverpool et Cornwall), ce qui fait d’elle la plus grande collection d’œuvres d’art en Grande-Bretagne. Le TATE Modern présente des œuvres d’art moderne d’artistes de partout dans le monde (le TATE Britain, quant à lui, présente uniquement des œuvres britanniques mais de tous les courants). Comme presque tous les musées à Londres, le TATE est accessible gratuitement, à part pour les expositions temporaires. La collection permanente est impressionnante, alors c’est clairement sans rancune.


Le musée est installé dans une ancienne usine d’épuration des eaux. Le travail d’architecture et de réaménagement est exceptionnel. Tout est dédié à l’art…et à la famille. Étonnamment les lieux sont pensés en fonction des enfants et des parents qui veulent voir une exposition sans devoir se payer une gardienne. Toutes les aires communes qui ne sont pas consacrées aux œuvres le sont donc aux fratries. Des banquettes sont installées devant des petits lutrins où sont disposés des crayons et des petites cartes destinées aux dessinateurs aguerris, des écrans tactiles offrent des jeux interactifs pour mieux comprendre l’art moderne, des vidéos sont projetés pour expliquer les œuvres aux enfants, des petits cafés offrent des collations pas chères un peu partout. C’est génial!

Cage (6 toiles), Gerhard Richter

Pas surprenant qu’en cette journée grise de janvier, les familles se soient ruées vers le TATE pour passer un après-midi agréable. Partout où j’allais, des enfants étaient couchés par terre ou assis en indien en train de dessiner. Les parents prenaient le temps de se compter leur semaine en jetant un œil sur leur marmot et l’autre sur un Richter.

J’avais déjà vu des étudiants en art s’installer devant une œuvre pour la reproduire dans d’autres musées, comme au Louvre ou à la National Gallerie à Washington, mais je n’avais jamais rien vu de tel qu’au TATE. C’est pour moi la quintessence de l’accessibilité à une chose qui est souvent considérée comme élitiste et impénétrable. Les gens pensent trop souvent qu’aller au musée est une activité d’intello ou que l’art est une chose improductive (dans un sens marchant) et donc, dépourvue d’intérêt.

Quand un enfant pose des questions, s’approche d’une œuvre, reproduit un Miró et se demande pourquoi son dessin à lui n’est pas dans un musée, là on parle de culture. On a la preuve tangible que ces choses dites incompréhensibles le sont tout à fait et que l’esprit s’ouvre très tôt dans l’enfance. J’ai la certitude que c’est lorsqu’on ouvre les portes des musées à notre population que l’on fait foisonner notre culture, que l’on branche les gens à l’histoire, que l’on attise leur curiosité.

L’art moderne a cette qualité d’attirer l’attention. Par la provocation ou l’absurde, la déconstruction ou la performance, ce sont des œuvres qui font parler. Elles sont souvent colorées et gigantesque ce qui contribue à ce que les enfants les trouvent attrayantes et veuillent les dessiner ou en discuter. Comme le disait Jackson Pollock : « The strangeness will wear off and I think we will discover the deeper meanings in modern art ».

Mon oeuvre ;-S
J’ai adoré ma visite. Autant la collection est diversifiée et spectaculaire, autant les œuvres sont bien organisées pour nous transporter totalement dans l’univers critique des années d’après-guerre. L’ambiance qui prévaut dans ce lieu est festive et joviale ce qui n’a qu’amplifié mon amour des musées et de Londres. Je me suis même fait prendre au jeu et j’ai moi aussi gribouillé un peu…tant qu’à y être.

Alors, voilà un autre dimanche entièrement voué à me faire plaisir. Depuis, j’ai fait une petite liste des choses à voir et à faire pendant mon séjour: la parade de la Commémoration de la pendaison de Charles 1er sur Trafalgar Square, le jour de l’an au Quartier chinois, le British Museum, le TATE Britain, un spectacle de jazz au Ronnie Scott’s, etc, etc, etc. La beauté dans tout ça c’est que la plupart de ces trucs sont entièrement gratuits. L’étudiante en profite :)

Allez up… je dois boucler cette chronique illico. Je me sauve à l’instant au British Film Institute qui présente le festival « Audrey Hepburn – The Ultimate Film-Star Icon ». À l’affiche ce soir, Two for the Road… Je vous laisse donc sur quelques oeuvres vues au TATE.

Rothko...pour les fans de Mad Men
Message d'ami, Joan Miro

Salle sur l'Art révolutionnaire Russe

Portrait of a girl, Modigliani
Salle Andy Warhol

8 commentaires:

  1. J'te lis en écoutant un truc sur Borduas... j'suis comme un peu jaloux et dû pour aller au MAC! lol

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  2. JALOUSIE!!!!!!!!!!!! J'ai adoré le TATE et j'aimerais tant y retourner :-) Le café du musée est pas mal non plus...

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  3. Wooooooo la madame a l'air de s'adapter parfaitement à la vie de londonienne universitaire surstimulée par son environnement!!! (ben non pas sur-stimulée... pas Audrey ;-)).

    Un peu comme moi!!!
    Je m'étais couchée tôt pour reprendre un peu de sommeil à mon retour de l'Australie mais je me suis reveillée vers 11h15pm en me disant que je ne t'avais pas lu encore.... Alors je me suis tapée tout le blogue... en combattant la fatigue parfois car je voulais tout savoir!

    Plein plein d'action de musées et de belles balades. Je sens que j'apprécierai encore plus ton blogue dans les moments de blues de retour de voyage!!!

    Je me fais trop longue... je retourne me coucher!

    Cheer mate!
    Et n'oublie pas de regarder à droite en premier avant de traverser ;-)

    xxx

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  4. @Mathieu: Courre, vole, pitche toi au MAC!!! Et je t'amène au TATE dans un mois :)
    @Patel: Que dire du café du musée... il fera l'objet d'un post tout à lui bientôt bientôt :)
    @Gen: Oh! Que je suis contente que tu me lises entre deux bâillements de jetlag... J'espère que le retour est pas trop dur et que tu as eu "the time of your life"! J'ai hâte de skyper pour que tu me racontes tout. Love U ma belle! xx

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  5. Oh ouais, quand j'étais allée, il y avait une expo temporaire Andy Warhol... Un magnifique souvenir.
    J'ai hâte d'y retourner, j'avais pas vu la salle sur l'art révolutionnaire russe !!!!!!!

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  6. Alors là, je suis vraiment subjuguée autant par les impacts de nos sorties au musée dans ta démarche artistique que par les quelques avant-goûts que tu offres par ce survol génial de ce que j'irai voir très bientôt! J'aime ton style d'écriture, tes articles sont intéressants, on attend le prochain avec impatience. Et, je ne parle pas de ma hâte d'apprécier les beautés de Londres de mes propres yeux!
    Je t'embrasse fort,

    Maman

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  7. oui à la Tate Modern : tableaux sublimes :fin nov. 2012, vu les Seagram Murals de Rothko, The Bigger Splash de Hockney et le Summertime de Pollock et tout le reste...
    Ambiance très très particulière, comme l'a bien dit la jeune fille dans son blog.
    Tous les jeunes doivent aller en Angleterre le plus souvent possible, étudiant ou petit boulot ; à Londres si possible, pour apprendre l'anglais et profiter de cette ville très particulière, bien plus vivante à mon goût que Paris...

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  8. WONDERFUL Post. Thanks for share..More waitRothco BDU's

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