mercredi 27 avril 2011

Des Bières, des Frites, des Chocolats … et une conférence :)

Ça y est, je viens de trouver un autre endroit dans le monde où je m’installerais sans problème. Ce n’est pas seulement à cause des frites divines, de la délicieuse bière et du chocolat. Non, non, j’ai eu le même sentiment en arrivant à Bruxelles cette semaine que celui que j’avais eu en 2005 en retournant à Londres.

J’avais mis les pieds en Belgique en 2004 avec mes parents et mon frère et j’avais adoré visiter la capitale. Cependant, ce n’est pas parce qu’on aime une ville comme touriste qu’on y serait nécessairement bien à long terme. J’ai l’impression qu’il faut y retourner une autre fois pour vraiment sentir le lien qui pourrait exister entre nous et un coin de pays. Bien, c’est confirmé, avec Bruxelles c’est l’amour !

Dernière escapade avant le grand départ d’Europe, je suis partie pour Bruxelles très tôt le matin de mercredi. À mon grand plaisir, j’ai pris le train en direction du continent en considérant ces quatre jours comme un mélange de travail et de vacances. La raison principale de ma visite là-bas c’était la Conférence du réseau international des associations francophones de science politique.

J’étais un peu en manque de science po je dois vous avouer, car faire partie d’un groupe de recherche constitué en grande partie de sociologues et d’anthropologues, ça peut être difficile à long terme. C’était aussi une bonne manière de revoir des collègues européens et d’afficher ma bouille en public pour éviter que les gens ne m’oublient. Il faut que je vous rappelle que je ne participe à aucune conférence cette année et que celle-ci était la seule à laquelle j’assisterai. J’y allais un peu dans l’espoir d’entretenir mon réseau…

Le bâtiment principal de L'ULB
Mais cette douce évasion s’est avérée en être une de plaisir plus qu’autre chose. Pendant son absence, une amie m’a gentiment prêté son appartement, joliment situé entre le centre-ville et l’ULB (Université Libre de Bruxelles) où se tenait la conférence. Cela m’a donné toute la liberté d’aller et venir entre les panels, les repas du congrès et les multiples autres distractions à ma portée.

Dans la journée de mercredi, j’en ai profité pour écouter quelques panels et croiser deux collègues d’Ottawa qui présentaient leur recherche. C’était chouette de voir mon monde en terre étrangère et de constater à quel point les choses avancent vite. Les conférences sont géniales pour cela : elles nous sortent de notre isolement et nous font prendre conscience de l’avancement de notre recherche et du travail des autres. Après avoir croisé des amis de Montréal, des anciens comparses du BAC, quelques collègues européens, je me suis greffé au groupe de panélistes de mes amis Antoine et Amélie pour le repas du soir.

On est allé manger dans un petit resto typiquement belge qui était vraiment super chouette. En plus de bien manger et d’avoir de très agréables conversations avec les membres de cette petite clique, j’ai dégusté mes premières bières du voyage. En remontant la bute du centre-ville vers l’Avenue Louise en fin de soirée, je me suis confessée, hors contexte, de mon bonheur d’être là. Mon exclamation s’est perdue dans les airs, mais ce n’en était pas moins vrai. Je me sens si chanceuse de pouvoir me promener dans tous ces endroits magnifiques.

Le lendemain, la journée a passé comme l’éclair. Quelques panels et plusieurs rencontres fantastiques ont fait passer les heures à un rythme effréné. Je n’ai pas vu le temps passé et rapidement 18h est arrivé et avec elle, Cathy !

Je vous ai déjà parlé de mon amie belge dans une autre de mes chroniques. Nous sommes toutes deux à Londres, mais étant donné que ce weekend c’est Pâques, elle s’adonne à être à Bruxelles. Elle a aimablement accepté de passer la soirée avec moi et de me faire vivre l’expérience bruxelloise par excellence. Premier stop, une bière au Tavernier.

Neuhaus - Chocolatier du Roi
Avec le soleil qu’il faisait, la température qui ne voulait pas dégringoler et mon enthousiasme, c’était le cocktail parfait pour avoir du bon temps sur une terrasse remplie de monde joyeux eux aussi. David, notre ami commun à moi et Cathy, et son mari Alex, se sont joint à nous pour l’apéro et m’ont donné tous les trucs pour faire de mon passage une expérience particulièrement authentique, en commençant par les chocolatiers à fréquenter (c’était Pâques quand même) et les endroits à visiter absolument. Après le premier verre, Alex et David ont dû nous quitter et moi et Cathy avons décidé qu’il était temps de se mettre quelque chose dans le ventre, question de continuer notre tournée. Deuxième stop, une frite sur la place Flagey.


Cervelas
Frites et fricadelle
Nous voilà donc devant un « stand à patate » à nous demander quelle sorte de sauce prendre avec notre frite. Comme la double friture demande un peu plus de patience (ça vaut la peine !), on s’est creusé la panse à regarder le menu et on a finalement décidé de demander un cervelas et une fricadelle à partager. On s’est engouffré le tout en couinant de satisfaction entre les bouchées. Par hasard, David et Alex nous ont aperçus de l’autobus et n’ont pu s’empêcher de nous envoyer un texto pour nous dire à quel point l’image était magique :) Mais bon, après un repas aussi calorique… on se devait de faire descendre le tout. Cathy m’a donc indiqué la rue Lesbroussart. Troisième stop, un verre dans un bar à vin.

Très sympathique endroit, sur la pointe d’un Y, avec des petites tables dehors qui nous ont permis de profiter des dernières lueurs du soleil. C’est à ce moment exact que je me suis dit que j’aimais ma vie. Sérieusement, ma définition du bonheur s’arrête à ça : verre de rouge, bonne compagnie, soleil couchant, terrasse… Voilà ! Épicuriennes à souhait, on est restées là à se demander si le temps pouvait s’arrêter quelques siècles, mais comme c’est impossible, Cathy a sonné le départ. Quatrième stop, le centre-ville.

On a embarqué dans un tram, descendu les quelques artères jusqu’au centre pour se retrouver en deux temps trois mouvements sur la Grand' Place, toujours aussi belle. Un de mes plus beaux souvenirs de voyage appartient à cet endroit. C’était une soirée mémorable passée avec mon frère. On était là à manger des boules de chocolat tout excité qu’une chorale en visite se soit mise à chanter de but en blanc sur la place. Y retourné m’a replongé directement dans mon souvenir et m’a rappelé à quel point mon frère me manque. Mais, nous n’avions pas le temps pour la nostalgie, alors on s’est remis en route. Cinquième stop, une bière dans un jazz-bar.

Rien pour me faire oublier que ça fait trop de mois que je n’ai pas pu rire avec mon frère, mais tout pour me donner un semblant de sa présence. Quoi de mieux que de la bonne musique et une atmosphère embrumée de jazz-bar pour mettre un dièse au goût de la bière. On est resté quelques minutes à s’enivrer des standards et du funk et on s’est remis en route. Sixième stop, la maison.

Mais on s’est enfargé les pieds :) Cathy nous a fait traverser le quartier gai et on est passé devant un de ses bars favoris qui servait encore sur sa terrasse. Les gens étaient beaux à observer, bien habillés et sur la « cruise » solide. On s’est retransformée en chercheuse (Cathy travaille aussi sur les familles et les couples homosexuels)  et on s’est payé un verre pour se fondre à notre objet d’étude. Fascinant ! Bon, bon, mais après un verre s’était bien assez. Direction, septième ciel.

J’ai bien dormi cette nuit-là je peux vous l’assurer. Je me suis réveillée un peu poquée, mais encore capable de me présenter en classe … euh, à la conférence. J’ai écouté les dernières présentations et je me suis sauvée pour dire au revoir à Cathy qui partait avec sa mère dans la région d’où elle vient pour le weekend.
Le tram 94

La dernière journée et demie, je me suis retrouvée seule, comme je l’aime, à arpenter les rues de la ville à la découverte (ou redécouverte) de toutes les beautés de Bruxelles. J’ai vagabondé amplement et je me suis assise ici et là pour prendre un café ou une bière de spécialité… La grosse vie quoi!

 Petite anecdote avant de vous laisser : vendredi soir pour souper, j’ai jeté mon dévolu sur un petit resto que Cathy m’avait recommandé qui était tout près de mon logis. Les serveurs étaient si peinés de me voir assise seule, qu’ils sont venus à tour de rôle me faire la conversation pendant mon repas, assez que je n’ai pas lu une seule ligne du roman que j’avais apportée avec moi. Ils m’ont même payé un verre de bière prétextant que leur patronne était québécoise et que comme j’étais du Québec, ils se devaient de bien m’accueillir. Je vous le dis, je suis en amour !

vendredi 22 avril 2011

A Beautiful Mind


On aurait tous besoin d’une Lucy. Sans blague, je pense que chaque étudiant au doctorat devrait avoir un petit kiosque de psycho-soutien à portée de main. Et pour ajouter à l’impossibilité de mon souhait, il faudrait que cette personne ait passé par le doctorat elle-même. Cette semaine je ne peux faire autrement que de me rendre compte qu’il est impossible d'écrire une thèse quand on a l’esprit brouillé.

Oh! Ne vous en faites pas, je ne suis pas déprimée. Au contraire, ces jours-ci je suis dans ma zone – cela dit, je suis dans cette zone depuis mon arrivée à Londres, exception faite d’une petite semaine de panique totale au mois de mars. À présente date, j’ai presque complété mes entrevues, j’ai des tonnes de documents sous mon bras à rapporter à la maison, je suis en train de rédiger une partie de ma thèse qui me motive vraiment et je suis en Europe ce qui ajoute au plaisir quand même… donc, aucun nuage sous le soleil!

C’est probablement pour ça que je pense à l’importance d’avoir du soutien psychologique pendant la thèse. C’est dans les moments où je vais bien que je me rends compte qu’à d’autres moments je suis dans un sale état. Je m’en rends aussi compte à cette période précise, parce que le printemps, pour les académiques, c’est la saison des conférences, de la fin de session d’hiver et donc, avril-mai est synonyme de stress et d’intensité. Comme je ne participe à aucune conférence cette année (par rapport à 4 l’année dernière!) et que les fins de sessions sont choses du passé depuis que je suis en rédaction, je suis exemptée cette fois de ce sentiment d’urgence. Thank God!

La distance me fait prendre conscience de l’état dans lequel je peux me mettre et dans lequel plusieurs, sinon tous mes collègues et amis se mettent, périodiquement, dans les périodes d’écriture entre autres ou juste avant les conférences ou les dates de tombée. Bon, vous me direz que les doctorants ne font pas exception et que chaque travail amène ses propres périodes de stress. Vous avez entièrement raison! Loin de moi de penser que le milieu académique est plus anxiogène que tout autre milieu de travail, au contraire. Cependant,  je reste convaincue que la position d’étudiant en rédaction de thèse est très spéciale, et à mon avis, cela s’explique par trois choses : la supra-spécialisation de ce que nous faisons, les conditions dans lesquelles on travaille et le processus de rédaction lui-même.

Rendue au doctorat, l’université nous demande de contribuer à notre discipline en abordant un sujet nouveau, en testant des hypothèses inédites ou en poussant nos réflexions théoriques (ou un mélange des trois). Cela fait en sorte que la seule personne qui sait vraiment ce que l’on fait c’est nous; que la seule personne qui a déjà fait cela, c’est nous (quoiqu’on ne l’a pas encore fait réellement); que la seule personne qui s’intéresse aussi passionnément au sujet, c’est nous. L’impact est simple : on se sent isolé.

Même si on a un directeur de thèse, un comité de thèse, des collègues, une communauté de chercheurs qui font tous de la science politique (pour prendre mon exemple), on reste les seuls à saisir réellement ce que notre travail comporte comme défis et comme difficultés. S’il est ardu de partager nos moments de doute et de frustration avec d’autres académiques, vous pouvez vous imaginer qu’il devient de plus en plus difficile d’expliquer à notre famille, nos amis, notre amoureux(se) qu’est-ce qu’on peut bien trouver de marrant à se torde les neurones pour écrire 300 pages qui ne seront lues que par quelques initiés un peu zélés (ou contraints de le faire, a.k.a. notre comité d’évaluation)? Et si on a de la difficulté à justifier notre choix devant ces gens qui nous connaissent le mieux au monde, je peux vous dire qu’il devient encore plus difficile dans les moments de détresse d’appeler à l’aide et d’expliquer pourquoi on sent que tout va s’écrouler uniquement parce qu’on a été incapable d’écrire une seule bonne ligne de la journée.

Je pense aussi que ce sentiment d’isolement est dû énormément aux conditions dans lesquelles on travaille. Trouvez-moi une personne qui est encore à l’école à notre âge (et considérez que je suis un bébé au doctorat!), qui regarde tous ses amis avoir des enfants, se marier, devenir propriétaire, s’installer dans une ville sans se demander où il se retrouvera dans un an et demandez-lui s’il est zen. Ne vous méprenez pas, je pense que d’être prof à l’Université est le plus beau métier du monde… mais la route pour s’y rendre est pleine de nids de poules « Montreal-style » et notre véhicule de transport s’apparente à une Lada une place 1952.

On peut parler argent aussi. C’est ma bibitte noire à moi ça! J’haïs être dépendante financièrement encore à 28 ans, que mon salaire ne soit pas considéré par les banques parce qu’il provient essentiellement d’une bourse, que mes voyages de conférence sont généralement à mes frais personnels, que je ne sache jamais plus de quelques mois d’avance si j’aurai assez d’argent pour payer mon loyer (merci aux bourses qui évitent ce questionnement pendant un certain temps), etc., etc., etc. Je pourrais vous parler longuement des conditions financières d’un étudiant au doctorat, mais je n’en ai pas envie. Je vais plutôt vous parler de l’instabilité qui nous fait tanguer dans les derniers miles de la rédaction.

Pour vous donner un exemple concret, si je réussis à terminer ma thèse dans la prochaine année et que tout va bien, j’ai deux choix après coup : soit je me trouve un poste dans une Université (très peu probable à court terme), soit je fais un postdoctorat (1 ou 2 ans). Pour ceux qui se demandent, un postdoctorant c’est l’équivalent d’un chargé de cours, mais en recherche. C’est un contrat temporaire qui nous permet de publier un peu et d’acquérir de l’expérience supplémentaire afin de nous aider à mousser notre candidature lors des processus d’embauche. Or, ces deux options demandent que je sois mobile, que je considère partir m’installer ailleurs pendant quelques années, sinon pour le restant de ma carrière. Dans mon cas, ça peut paraître assez peu stressant, étant donné que je n’ai rien qui me rattache spécialement à Montréal à part ma famille et mes amis, mais essayez de penser à mes collègues qui ont des conjoints  (qui ont eux aussi des aspirations professionnelles et personnelles) et/ou pire, des enfants (en garde partagée!)…

C’est merveilleux d’avoir un emploi qui nous permette de voyager, mais ce travail nous oblige aussi à être super flexibles géographiquement. Ces décisions sont incroyablement angoissantes et lourdes de conséquences lorsque l’on implique d’autres personnes à l’équation. Et la pression constante de ne pas savoir où l’on sera l’année prochaine rend tout projet d’avenir vraiment laborieux à concrétiser, à planifier et même à rêver. Mon voyage à Londres est stimulant et tout, mais il est temporaire. La prochaine destination est peut-être définitive, alors la décision est encore plus importante et épeurante, je dois dire.

Cependant, je n’ai pas tant le choix de prendre ce qui passera et c’est probablement cela qui rend la chose si difficile à gérer. Les postes dans les Universités sont peu nombreux et plus la ville dans lesquels ils sont basés est intéressante (Montréal, Toronto, Vancouver par exemple) plus la compétition est féroce. Pour ce qui est des postdoctorats, c’est plus facile de trouver un endroit chouette - comme le processus ressemble un peu à mon séjour à Londres en plus long c’est assez attirant - mais le statut temporaire de ces positions nous remmène nécessairement à la case départ quelques mois plus tard.

Mais réellement, je crois que ce qui rend la rédaction de thèse un processus vraiment pesant, c’est que s'en est un de création. Avec toute période de création vient une volonté de performance, un souci de la perfection et le sentiment qu’on y arrivera jamais. On est soumis plus que jamais à la critique (la nôtre et celle de nos pairs) et plus que jamais, on ne fait qu’un avec notre travail. Tout devient donc personnel. On se doit d’être humble, de constater nos limites sans trop broncher, de s’astreindre à un régime sec de fête et de vie sociale. Nécessairement cela s’accompagne de découragements fréquents et d’incertitudes constantes.

Encore une fois, être soumis à la critique ou à l’évaluation de notre travail n’est pas exceptionnel au travail de doctorant. Je vous dirais que par rapport à tout autre travail ce qui fait exception, c’est que nous n’avons pas été acceptés comme potentiellement compétent : nous n’avons pas notre diplôme et donc, nous n’avons pas le bénéfice du doute. Je vous jure que tous nos professeurs se demandent à un moment ou à un autre si on ne va pas laisser tomber soit notre doctorat, soit l’académie. Et cette probabilité d’abandon nous demande d’être toujours plus convaincant, à chaque étape, malgré qu’à l’intérieur on ne l’a jamais moins été.

À certains moments, on ne peut pas vraiment expliquer pourquoi, mais on a l’impression que la vie au complet est en train de foutre le camp. Il n’y a rien qui aille mal en soi, mais rien ne fonctionne vraiment. On remet systématiquement en question notre compétence, notre choix académique et on appréhende l’avenir... et tout le reste y passe: chum, blonde, amis, famille, appart, name it!

Vous avez sûrement déjà entendu un auteur ou un artiste dire qu’il doit faire le ménage, rayer tout sur sa « to-do list » avant de pouvoir se mettre à écrire ou à composer. Bien, le problème vient de là. On doit avoir les pensées libres de tout le reste pour créer. Souvent, ce qui se passe, c’est qu’on s’était mis un objectif et qu’on ne l’atteint pas pour de multiples raisons : un autre projet est arrivé; on a sous-estimé le travail à faire; on est préoccupé par un truc personnel et on arrive pas à écrire; on a reçu de la rétroaction sur une version de notre travail et on se trouve poche; on a eu une mauvaise rencontre avec un collègue ou notre directeur et ça nous sape le moral, etc.

Avec les amis de BIOS on appelle cet état de rédaction le « dark side ». Croyez-moi, vous ne connaissez pas votre ami futur Ph.D. tant et aussi longtemps que vous n’avez pas vu son « dark side »; c’est comme une protubérance académique, un alien mental.

Je ne changerais pas mon choix de carrière pour tout l’or du monde et j’espère du plus profond de mon cœur pouvoir un jour être professeure dans une Université quelconque (partout sauf à Thunder Bay), mais je troquerais bien quelques structures universitaires contre la stabilité de la plupart des autres emplois. Comme ce n’est pas possible, la seule chose à faire est de se bâtir un système de soutien. Un groupe de gens qui s’assureront qu’on ait l’esprit clair et les pensées alignées pour rédiger.

Ça commence par une famille/conjoint qui écoute, tente de comprendre, s’intéresse, questionne. Ce sont des amis qui te tirent de devant ton ordinateur, te sortent de ta tête et qui te font rire. C’est un directeur de thèse qui t’offre son temps quand il perçoit que tu as besoin d’aide et qui te connaît assez pour te confronter dans ton travail sans heurter ton cœur. C’est une Université qui s’arrange pour ne pas te laisser seul avec tes problèmes d’argent, qui s’organise pour que tu puisses t’insérer dans une communauté de chercheurs qui t’aidera à contrer l’isolement. Mais je pense aussi que dans le meilleur des mondes on aurait accès à un psychologue personnel qui, à long terme, nous aiderait à démêler les nœuds et entreprendrait de nous rappeler que ce que l’on fait ce n’est pas extraordinaire, mais ce n’est pas commun non plus.

J’écris ces lignes et je pense à une amie de ma mère qui a accueilli deux ou trois amis en fin de rédaction de thèse chez elle. Tous étaient dans cette panique existentielle. Ils se sont réfugiés chez elle et ont trouvé « the safest place to write ». Elle a un courage de bœuf, parce que je peux vous dire que je me jetterais moi-même à la poubelle quand je suis dans cet état là. Mais, par un hasard incroyable, elle a compris ses amis et a décidé de contribuer à sa manière à leur travail, à leur vie. Elle est une de ces personnes extraordinaires qui nous permettent de survivre à cette période de notre vie. Parce que la thèse, ça ne dure pas toujours, ce n’est pas tout, ce n’est pas notre vie. Il faut souvent se le rappeler, se le faire rappeler.

Ce sont ces gens merveilleux que l’on remercie au début de notre thèse. Avant d’écrire mon mémoire de maîtrise, je ne m’étais jamais vraiment attardée aux remerciements dans les bouquins que je lisais. Maintenant, j’aime parcourir ces quelques paragraphes en essayant de m’imaginer comment toutes les personnes citées ont pu participer sans vraiment le savoir à ce que je vais trouver entre ces pages. À bien y penser, les personnes les plus intelligentes, dont le travail est remarquable, sont les gens qui ont été assez brillants pour s’entourer des bonnes personnes.

Perhaps it is good to have a beautiful mind, but an even greater gift is to discover a beautiful heart. 
- A Beautiful Mind, The movie

vendredi 15 avril 2011

Sunny side up!

J’ai passé trois mois et demi in Foggy London Town, alors je peux vous dire que lorsque le soleil a commencé à se pointer le nez j’ai eu la même réaction que mes compatriotes anglais : j’ai eu peur ! Je vous jure, autant que le soleil est un concept complètement abstrait pendant les mois d’hiver, autant quand il se montre enfin, les Londoniens restent perplexes et presque embarrassés. Non, mais, pensez-y… on a vécu pendant des semaines sans lumière et sans chaleur, on a cohabité avec la pluie, son humidité et son vent sournois, et là il faut se réhabituer à plisser le nez, à enlever les pelures d’oignon et à s’asseoir sur les bancs de parc (que l’on croyait être installés là pour tromper les touristes).

Oh vous croyiez vous aussi que c’était un cliché de dire que Londres est une ville pluvieuse et grise ?! Bien, je vous l’assure maintenant, c’est tout à fait vrai. Cependant, elle n’est pas moins belle ou moins attrayante pour autant la Capitale britannique. Je vous avoue même qu’elle est vraiment jolie, cette ville, dans la grisaille de l’après-midi avec les réverbères et la fine pluie qui tombe. On se prend à regarder les édifices et à se demander s’ils ont été construits en conséquence du climat, sachant qu’ils seraient plus charmants sous une couche de brume et qu’ils seraient appréciés par des quidams cachés sous des parapluies (expliquant la quasi-absence des gratte-ciels dans le Square Mile).
Cela dit, je me suis plainte plus d’une fois du manque de lumière. J’en étais même un peu déprimée à la fin du mois de février. Pendant que vous, vous vous tapiez ces froids de canard qui apportent avec eux le soleil magnifique de l’hiver, j’étais sous la pluie à regretter (quelquefois, mais quand même pas souvent) la neige, le ski et les rayons qui nous réchauffent dans les remonte-pentes.

Mais tout d’un coup, sans avertir, comme ça sans crier gare, l’été est arrivé. On est littéralement passé du perpétuel mois de novembre aux journées parfaites de juin. Les soirées sont très fraiches, mais sérieusement, le jour on se croirait en plein été. C’est génial !

Avec cette température frôlant les 25 degrés au zénith du jour, vient toutes ces choses qui nous rendent fous quand on a passé à travers les mois d’hiver : les terrasses, les fleurs, les sorties au grand air, les pique-niques, les chaussures portées sans bas, les jours qui rallongent et les promenades du soir qui viennent avec…


Je ne me rappelle pas si je vous ai raconté que l’endroit où j’habite est rempli d’oiseaux de toutes sortes. Comme je ne suis pas loin de Hampstead Heath, le grand parc qui est au nord de Londres (j’en avais parlé ici), la faune dans mon quartier est assez incroyable. En plus de mon ami le renard (dont je vous ai parlé ici), il y a ces tonnes d’oiseaux qui viennent chanter à ma fenêtre. Et avec le soleil, est arrivé le temps d’ouvrir les fenêtres et d’écouter les sons de l’extérieur.

À Montréal, dans mon appartement de Villeray, cette étape cruciale annonçant l’arrivée de l’été, concorde souvent avec la fête des Mères et donc, avec l’odeur de bacon émanant de l’Oeufrier le dimanche matriarcal venu. Ici, cette étape est aussi arrivée avec la fête des Mères (Britannique, soit le 8 avril), mais a plutôt apporté avec elle le chant des pies (Magpie en anglais). « Être bavard comme une pie », c’est une expression très à propos je peux vous le confirmer. C’est assez sympathique de les entendre jaser à toute heure du jour et de la nuit :)

Mais ce qui est le plus frappant avec la réapparition du beau temps, c’est à quel point Londres est différente, à quel point je redécouvre totalement mon environnement et les endroits qui me semblaient familiers. Premièrement, les gens sont souriants. C’est presque bizarre de dire cela, mais je crois que le mauvais temps rend les gens mornes à la longue. Avec ces belles journées, les Anglais se sont transformés en « nice blokes » se lançant des farces et des compliments en l’air sans raison. Les hommes et les femmes recommencent à se parler décemment et à se sourire en entrant dans l’ascenseur. Quel changement d’ambiance !

Deuxièmement, Londres est maintenant remplie de fleurs. Les pommiers et les cerisiers arborent respectivement leur belle couleur rose et blanche, et abondent d’une odeur fantastique. Les parterres nous offrent leurs tulipes multicolores (je crois que c’est pour elles que j’aime autant le printemps, elles sont si belles !) et les rues, parcs et autres endroits publics raisonnent enfin des sons d’enfants qui jouent frénétiquement.


Je devais lire plusieurs textes dimanche dernier question de me garder à flot dans le travail qui pullule en ces dernières semaines ici. Mon amie Angela a eu la brillante idée de m’inciter à aller m’installer à Kensington Garden afin de joindre l’utile à l’agréable. Je me suis donc préparé un lunch, prit la couverture sur mon lit et je suis allée m’acheter des bières en chemin. Rendue là-bas, j’ai passé la journée à lire, à écouter de la musique, à rêvasser et à regarder les gens vivre tout en faisant autant de photosynthèse que possible.

C’est là que je me suis rendu compte à quel point nous avons tous besoin de faire diminuer le taux de mélatonine dans notre corps à ce moment de l’année. Le parc n’était pas seulement bondé, mais les gens y étaient complètement hystériques. Les uns jouant au soccer torse nu et les autres essayant de retenir leurs enfants d’aller se saucer dans le bassin encore un peu brun vert. Les familles, les amis, les solitaires comme moi, tout le monde étaient réunis sous le soleil aux quatre coins de Londres.

Angela est venue me rejoindre un peu plus tard et on a partagé ma bière en discutant travail sans même s’en rendre compte, comme si ce sujet de conversation devenait soudainement plus léger dans l’air chaud. Mon amie portugaise a attaché nonchalamment un foulard autour de sa tête, a mis ses grosses lunettes « à la Bardot » et s’est étendue comme si c’était un don inné que de savoir s’offrir au soleil. J’en étais presque jalouse, découvrant ainsi que notre côté latin (a.k.a. aimer avoir du plaisir et toucher les gens) s’arrête où notre côté anglais commence.

Vous savez ce que je me suis payé en chemin vers la maison ? Une crème à glace ! Un bon cornet de crème glacée au chocolat pour me récompenser d’avoir lu et annoté les six textes qui gisaient depuis trop longtemps sur mon bureau et d’être assez intelligente pour savoir repousser les murs de mon bureau au-delà des allées briquetées de LSE.


En espérant donc que ces dix jours fabuleux décident de se reproduire. J’adorerais, moi, que mon dernier mois soit baigné de lumière et de cette ambiance de fête estivale. Bon, si j’en crois ce que mes collègues m’ont dit, c’était ça l’été… ces dix jours-là, that’s it that’s all !

Comme je ne suis pas encore devenue cynique et négative comme eux (ayant vécu beaucoup moins longtemps ici qu’eux), je reste convaincue que Dame Nature va me gracier d’une météo exemplaire afin que je puisse revenir avec toutes ces belles images, odeurs et autres merveilles avec moi à Montréal. Et comme ma relation avec la grande Dame, vous le savez déjà, est assez exceptionnelle, je ne peux que rester fidèle à mon positivisme et garder espoir !

samedi 9 avril 2011

Going back in time...


Ça s’est passé assez rapidement. À mon retour de Copenhague, le dimanche, je suis arrivée pile-poil pour pouvoir profiter de la première journée de printemps qui se prend pour l’été. Je n’ai donc pas hésité quand François m’a texté : « Hyde Park Corner dans 1 heure? » J’ai répondu « OK, à+ », j’ai déposé mon sac et j’ai mis mes RayBan.

En se baladant entre les patineurs et les enfants en trottinette, on jasait tout bonnement du premier mois et quelques de François à Londres et de mon dernier mois et quelques à moi dans ce paradis urbain. On s’est mis à énumérer les trucs qui sont inscrits sur notre To-Do List et à planifier quelques sorties. On en est venu à mentionner Brighton au vol, car plusieurs de nos amis respectifs y passent des weekends par-ci par-là et vantent sa plage et son bord-walk. Je n’ai donc pas hésité quand François m’a lancé : « Brighton, samedi prochain? ». J’ai répondu « OK, je m’occupe du train, tu t’occupes des sandwichs ».

Nous voilà donc dans le train samedi dernier à 11 heures, café à la main, assis face à face à essayer de tenir une conversation malgré le peu de sommeil que nous avions tous les deux accumulé dans les derniers jours. On était quand même heureux de sortir de la ville et d’aller humer l’air salin de Brighton. Je ne pourrais pas vous dire si c’est mon état végétatif ou seulement mes synapses qui étaient déréglées par le nombre d’heures de travail enregistré, mais j’ai eu l’impression dès mon arrivée que j’avais fait un voyage dans le temps.


Brighton est l’une des stations balnéaires les plus célèbres d’Angleterre. Les Londoniens y vont pour prendre l’air et le reste du monde y converge pour la plage et les immersions anglaises (plusieurs programmes sont offerts par l’Université de Brighton). 


Parmi ses bâtiments célèbres, on compte l’extravagant Brighton Pavilion qui a été construit à la fin du 18e siècle/début 19e pour le Prince Regent (qui deviendra le Roi George IV). Son aspect indien à l’extérieur est assez spécial. J’ai lu quelque part que son intérieur est décoré à la chinoise. Beau mélange…

Bien qu’on ait aperçu l’extérieur de cette impressionnante bâtisse et que l’on a mis notre nez à l’intérieur de deux ou trois galeries d’art, notre visite ne peut pas réellement être qualifiée de culturelle ou d’historique. Quoique si vous considérez glander sur la plage en buvant des bières comme historique et culturelle, ça va :)

Non, sans blague, on est quand même allé se balader longtemps sur la plage de galets et on est allé fouiner au Brighton Pier. Cette jetée est une vraie fête foraine flottante. C’est incroyable ! Avec les machines à sous, son grand carrousel, la maison hantée, les manèges de toutes sortes et les jeux où l’on peut gagner des toutous, tout est là réuni pour créer un paradis pour les jeunes ; barbe à papa, sucreries et pop-corn en prime.

Cet endroit m’a bizarrement donné une impression de déjà-vu. Comme si, plus jeune, j’étais déjà passé là ; quoique c’est probablement des relents de mon voyage à Murtle Beach… En fait, ce qui nous donne l’impression de retourner encore plus dans le temps, c’est le look vaguement vintage de l’endroit. Mélangez ce décor avec les vêtements matelots et le style vieillot qui sont à la mode cette saison et on se croirait de retour dans les années Mad Men.

La seule chose qui détone totalement et qui nous retourne subito presto à notre époque est la présence de couples homosexuels avec leurs enfants. Magnifique!

Cette petite ville portuaire est aussi réputée pour être un lieu artistique prisé. Les festivals estivaux sont nombreux allant de la musique électronique à la poésie en passant par la peinture contemporaine. Malheureusement, je ne serai pas là pour voir ça, car le premier de ces festivals débute le 12 mai prochain, trop tard pour que je puisse y faire un saut, même un petit saut de puce.

D’ailleurs, en vous écrivant, j’écoute Bonobo, un pionnier de la musique downtempo. J’ai su en lisant un peu sur l’histoire de B-Town que Bonobo (a.k.a. Simon Green) est originaire de Brighton et que c’est essentiellement dans les bars de cette ville qu’il a fait ses débuts. Voici une pièce de son répertoire que j’aime beaucoup :

 

Un autre son m’a emballée à Brighton, vous savez le son de la mer quand les vagues se brisent sur la berge ? Je l’adore. J’aurais pu passer la journée entière les yeux fermés à écouter ce son remplir mes oreilles, ma tête, mes poumons, mon corps tout entier. C’est le son puissant de la nature. Celle qui te remet les deux pieds sur terre. Celle qui arrête la terre de tourner et qui te permet d’apprécier le rayon de soleil qui réchauffe tes épaules, ton dos, tes cheveux, ton corps tout entier.

Je suis revenue de Brighton drainée (héhé, celle-là c’est pour Vaness et Gen !). J’étais comme un enfant après un après-midi au grand air. Je me suis couchée à 11h avec les joues colorées par la photosynthèse de la journée et un grand sourire collée au visage. Je suis restée dans cet autre espace-temps encore toute la nuit, profitant du son de la houle pour bercer mon sommeil…

dimanche 3 avril 2011

Canada votes

Ça sent la campagne jusqu’à Londres! Non, non pas les champs avec les vaches et la bouse là… quoique :-P


Cette semaine j’ai fait les démarches afin de pouvoir voter par la poste et j’ai commencé à lire les journaux à la recherche d’indices qui me permettraient de me faire un dessin du pays que je retrouverai à mon retour. Ne croyez pas que parce que je suis loin, tout ce brouhaha politique n’attire pas mon attention. Je retournerai bientôt au Canada et j’espère sincèrement revenir vers un endroit dont je n’ai pas trop honte. La première partie de mon travail d’électeur (à distance) est remplie, la suite est encore plus importante. 

Étape numéro deux : vous parler d’élection sans vous faire fermer la page de ce blogue. Bien quoi? Je ne peux quand même pas passer par-dessus l’occasion de parler de la présente campagne électorale. Vous me connaissez trop bien pour ignorer l’importance que j’accorde au simple geste de voter. Et j’espère sincèrement contribuer à ce que vous fréquentiez les bureaux de scrutin au début du mois de mai.

Bon, j’ai conscience qu’il faille un petit travail de sensibilisation pour que, même vous mes chers amis, compreniez tout l’intérêt de ces batailles de mots. Vous allez dire que c’est mon travail et que j’aime ça, mais je dois vous avouer que les campagnes électorales c’est cool!

Premièrement, parce que ça vous touche tous, sans exception. Que vous soyez étudiants ou que vous travaillez depuis maintenant un bon bout de temps; que vous aillez des enfants ou que vous planifiez en avoir un jour; que vous empruntiez le pont Champlain tous les matins ou rêviez d’un crédit d’impôt sur l’achat de votre prochaine voiture écoénergétique; que vous appliquiez sur des subventions en recherche ou en culture; que vous preniez votre retraite dans 10 mois ou dans 30 ans; que vous soyez fervent défenseur du Québec ou seulement un amoureux de votre province; que vous ayez horreur de voir partir des soldats à l’étranger ou que vous vous souciez uniquement de pouvoir voyager librement partout au monde; que l’état de l’économie affecte votre bonus annuel ou votre emploi directement; la présente campagne électorale vous concerne.

Deuxièmement, les élections c’est cool, parce qu’il faut voter pour avoir le droit de chialer. Ça, c’est ma règle. Si vous n’êtes pas content de ce qui se passe au Canada dans les prochaines années et que vous regardez vos représentants en vous demandant pourquoi ce moron-là a le droit de parole, mais que vous n’avez pas bougé vos fesses le jour du scrutin, fermez là. Je sais qu’un vote ça ne change pas le monde, mais ça vous octroie au moins le droit de chialage. Et ce n’est pas peu dire. Au moins une fois par jour, il y a un truc qui est de la responsabilité du gouvernement fédéral qui a le potentiel de vous affecter. 

Voici quelques exemples d’irritants possible : le taux d’intérêt sur votre carte de crédit, la difficulté de se faire servir en français dans certains quartiers de Montréal, le nombre de places en garderie, la diminution des bourses aux études supérieures et postdoctorales (mon présent et mon avenir), qui sera admis comme immigrant ou non, les coupures en culture et dans l’organisation des festivals (l’été s’en vient), la taxe fédérale de vente, l’état du système de santé universel (est-ce qu’on peut encore l’appeler universel?), la gestion des gaz à effet de serre (GES c’est tellement plus hip!), qui vous avez le droit de marier ou non, les appels tellement gossants de télémarketing, la grosseur des nids de poules sur les autoroutes et les constructions interminables qui occasionnent des bouchons monstres, les taux d’intérêt et l’assurance sur les prêts hypothécaires (pour vous acheteurs de maisons, condos et autres propriétés), ce que vous écoutez à Radio-Canada, la gestion de votre réseau cellulaire et votre facture de téléphone, etc. Je pourrais continuer longtemps comme ça…

Troisièmement, les élections c’est cool parce que c’est la mise en scène d’un jeu qui ne laisse personne indifférent. Quand Stephen Harper nous dit que le Canada ne veut pas d’ « érections inutiles », quand les médias exposent une amourette entre deux candidats adverses en pleine campagne ou quand un trop-plein d’émotion incontrôlé au débat des chefs fait la une, on a tous les actes d’une bonne pièce de théâtre. Entre la tragédie grecque et la comédie satirique, les campagnes sont tellement intenses et sous les feux de toutes les caméras, qu’il s’agit d’un faux pas pour faire rire ou pleurer le pays en entier. En plus, avez-vous remarqué le nombre de comédiens qui s’impliquent en politique depuis quelque temps? C’est la preuve que tout ça est un doux mélange de spontanéité et d’organisation et que l’on peut prendre ça à la légère.

Bon, mon but, n’est pas de vous faire la morale, mais plutôt de vous faire comprendre que l’on a pas à passer des heures devant la télévision ou devant internet comme moi pour connaître tous les détails de la campagne électorale, des partis, de leur chef et de leur plate-forme pour être capable de voter. Vous n’avez aucun besoin de tout ça pour faire un choix éclairé le 2 mai prochain. Un conseil : établissez un seul des enjeux qui vous tient à cœur. Ça peut être quelque chose de précis ou de large, de permanent ou d’éphémère, on s’en fiche. L’important c’est que ça vous touche, que vous vous sentiez interpelé par cet enjeu.

Ensuite, écoutez ce qui vous entoure. C’est pratiquement impossible d’être vierge de toute information pendant une campagne électorale. À la limite, lisez le Journal Métro lors de votre prochain voyage en transport en commun et essayez d’identifier quel parti est le plus près de cet enjeu, répond le mieux à votre souci. Si vous aimez mieux vous identifier à quelque chose de plus près de vous, allez voir sur le site d’élection canada et consulter la liste des candidats dans votre circonscription. Celui qui vous inspire le plus confiance, c’est pour lui que vous votez. C’est aussi simple que ça.

La politique, c’est un choix du cœur. La plupart des gens comme moi qui observent la politique à la loupe s’entêteraient à vous dire qu’il faut y aller avec la tête, faire un choix rationnel et informé. Moi je vous dis, laissez nous parler, tergiverser et analyser et laissez tomber ce qui rend la politique si difficile d’accès des fois. L’important c’est d’aller voter, c’est de donner votre opinion sans vous soucier de ce que les gens pensent. C’était ça au départ le sens premier « d’une personne, un vote ». Il n’y a pas de meilleur vote, de vote qui vaut plus ou moins qu’un autre, de vote éclairé, stratégique, etc. C’est un leurre; chaque vote compte pour un et donc, chaque X est important, même celui qui annule un bulletin (au moins il sera compté et pris en considération). La pire chose reste d'être un "free rider" et de surfer sur le vote des autres (qui, en passant, sont statistiquement des Baby boomers ou encore pire, des personnes âgées qui ne comprennent rien de la société dans laquelle vous rêvez de vivre).


Une dernière chose : parler de politique ce n’est pas nécessairement synonyme de chicane ou de débat. Si vous voulez discuter de votre difficulté de faire un choix, trouvez quelques amis et parlez-leur ouvertement. Les gens que vous aimez le plus sont souvent de bons baromètres de vos opinions. Au pire, si ce n’est pas le cas, vous pourrez brasser des idées ensemble et ça vous aidera à faire un choix. Je vous prescris une bonne bouteille de vin et plusieurs blagues de mauvais goût, ça allège l’atmosphère et fait totalement partie de la politique. Je vous l’ai dit, c’est avant tout un jeu … aux conséquences importantes.

L’étape numéro trois de mon rôle d’électrice, est de faire mon propre choix et de voter. Dans mon cas, j’ai un peu moins de temps que vous pour le faire étant donné que je dois renvoyer mon bulletin de vote par la poste avant le 25 avril. Or, je n’aurai pas trop de difficulté à mettre mon X sur le bulletin de vote cette fois. Je crois que pour cela aussi, la distance m’a aidée à voir clair.

Bonne campagne les amis! Et, en passant, aillez une petite pensée pour Miss Marie qui organise tout ce remue-ménage pour le Bloc Québécois dans Papineau. Des volontaires comme elle, il y en a des milliers au pays présentement qui se démènent pour leurs idées et pour faire changer les choses pour le mieux. Votre vote, c’est aussi une manière de valoriser leur travail ;)