J’ai passé trois mois et demi in Foggy London Town, alors je peux vous dire que lorsque le soleil a commencé à se pointer le nez j’ai eu la même réaction que mes compatriotes anglais : j’ai eu peur ! Je vous jure, autant que le soleil est un concept complètement abstrait pendant les mois d’hiver, autant quand il se montre enfin, les Londoniens restent perplexes et presque embarrassés. Non, mais, pensez-y… on a vécu pendant des semaines sans lumière et sans chaleur, on a cohabité avec la pluie, son humidité et son vent sournois, et là il faut se réhabituer à plisser le nez, à enlever les pelures d’oignon et à s’asseoir sur les bancs de parc (que l’on croyait être installés là pour tromper les touristes).
Oh vous croyiez vous aussi que c’était un cliché de dire que Londres est une ville pluvieuse et grise ?! Bien, je vous l’assure maintenant, c’est tout à fait vrai. Cependant, elle n’est pas moins belle ou moins attrayante pour autant la Capitale britannique. Je vous avoue même qu’elle est vraiment jolie, cette ville, dans la grisaille de l’après-midi avec les réverbères et la fine pluie qui tombe. On se prend à regarder les édifices et à se demander s’ils ont été construits en conséquence du climat, sachant qu’ils seraient plus charmants sous une couche de brume et qu’ils seraient appréciés par des quidams cachés sous des parapluies (expliquant la quasi-absence des gratte-ciels dans le Square Mile).
Cela dit, je me suis plainte plus d’une fois du manque de lumière. J’en étais même un peu déprimée à la fin du mois de février. Pendant que vous, vous vous tapiez ces froids de canard qui apportent avec eux le soleil magnifique de l’hiver, j’étais sous la pluie à regretter (quelquefois, mais quand même pas souvent) la neige, le ski et les rayons qui nous réchauffent dans les remonte-pentes.
Mais tout d’un coup, sans avertir, comme ça sans crier gare, l’été est arrivé. On est littéralement passé du perpétuel mois de novembre aux journées parfaites de juin. Les soirées sont très fraiches, mais sérieusement, le jour on se croirait en plein été. C’est génial !
Avec cette température frôlant les 25 degrés au zénith du jour, vient toutes ces choses qui nous rendent fous quand on a passé à travers les mois d’hiver : les terrasses, les fleurs, les sorties au grand air, les pique-niques, les chaussures portées sans bas, les jours qui rallongent et les promenades du soir qui viennent avec…
Je ne me rappelle pas si je vous ai raconté que l’endroit où j’habite est rempli d’oiseaux de toutes sortes. Comme je ne suis pas loin de Hampstead Heath, le grand parc qui est au nord de Londres (j’en avais parlé ici), la faune dans mon quartier est assez incroyable. En plus de mon ami le renard (dont je vous ai parlé ici), il y a ces tonnes d’oiseaux qui viennent chanter à ma fenêtre. Et avec le soleil, est arrivé le temps d’ouvrir les fenêtres et d’écouter les sons de l’extérieur.
À Montréal, dans mon appartement de Villeray, cette étape cruciale annonçant l’arrivée de l’été, concorde souvent avec la fête des Mères et donc, avec l’odeur de bacon émanant de l’Oeufrier le dimanche matriarcal venu. Ici, cette étape est aussi arrivée avec la fête des Mères (Britannique, soit le 8 avril), mais a plutôt apporté avec elle le chant des pies (Magpie en anglais). « Être bavard comme une pie », c’est une expression très à propos je peux vous le confirmer. C’est assez sympathique de les entendre jaser à toute heure du jour et de la nuit :)
Mais ce qui est le plus frappant avec la réapparition du beau temps, c’est à quel point Londres est différente, à quel point je redécouvre totalement mon environnement et les endroits qui me semblaient familiers. Premièrement, les gens sont souriants. C’est presque bizarre de dire cela, mais je crois que le mauvais temps rend les gens mornes à la longue. Avec ces belles journées, les Anglais se sont transformés en « nice blokes » se lançant des farces et des compliments en l’air sans raison. Les hommes et les femmes recommencent à se parler décemment et à se sourire en entrant dans l’ascenseur. Quel changement d’ambiance !
Deuxièmement, Londres est maintenant remplie de fleurs. Les pommiers et les cerisiers arborent respectivement leur belle couleur rose et blanche, et abondent d’une odeur fantastique. Les parterres nous offrent leurs tulipes multicolores (je crois que c’est pour elles que j’aime autant le printemps, elles sont si belles !) et les rues, parcs et autres endroits publics raisonnent enfin des sons d’enfants qui jouent frénétiquement.
Je devais lire plusieurs textes dimanche dernier question de me garder à flot dans le travail qui pullule en ces dernières semaines ici. Mon amie Angela a eu la brillante idée de m’inciter à aller m’installer à Kensington Garden afin de joindre l’utile à l’agréable. Je me suis donc préparé un lunch, prit la couverture sur mon lit et je suis allée m’acheter des bières en chemin. Rendue là-bas, j’ai passé la journée à lire, à écouter de la musique, à rêvasser et à regarder les gens vivre tout en faisant autant de photosynthèse que possible.
C’est là que je me suis rendu compte à quel point nous avons tous besoin de faire diminuer le taux de mélatonine dans notre corps à ce moment de l’année. Le parc n’était pas seulement bondé, mais les gens y étaient complètement hystériques. Les uns jouant au soccer torse nu et les autres essayant de retenir leurs enfants d’aller se saucer dans le bassin encore un peu brun vert. Les familles, les amis, les solitaires comme moi, tout le monde étaient réunis sous le soleil aux quatre coins de Londres.
Angela est venue me rejoindre un peu plus tard et on a partagé ma bière en discutant travail sans même s’en rendre compte, comme si ce sujet de conversation devenait soudainement plus léger dans l’air chaud. Mon amie portugaise a attaché nonchalamment un foulard autour de sa tête, a mis ses grosses lunettes « à la Bardot » et s’est étendue comme si c’était un don inné que de savoir s’offrir au soleil. J’en étais presque jalouse, découvrant ainsi que notre côté latin (a.k.a. aimer avoir du plaisir et toucher les gens) s’arrête où notre côté anglais commence.
Vous savez ce que je me suis payé en chemin vers la maison ? Une crème à glace ! Un bon cornet de crème glacée au chocolat pour me récompenser d’avoir lu et annoté les six textes qui gisaient depuis trop longtemps sur mon bureau et d’être assez intelligente pour savoir repousser les murs de mon bureau au-delà des allées briquetées de LSE.
En espérant donc que ces dix jours fabuleux décident de se reproduire. J’adorerais, moi, que mon dernier mois soit baigné de lumière et de cette ambiance de fête estivale. Bon, si j’en crois ce que mes collègues m’ont dit, c’était ça l’été… ces dix jours-là, that’s it that’s all !
Comme je ne suis pas encore devenue cynique et négative comme eux (ayant vécu beaucoup moins longtemps ici qu’eux), je reste convaincue que Dame Nature va me gracier d’une météo exemplaire afin que je puisse revenir avec toutes ces belles images, odeurs et autres merveilles avec moi à Montréal. Et comme ma relation avec la grande Dame, vous le savez déjà, est assez exceptionnelle, je ne peux que rester fidèle à mon positivisme et garder espoir !
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