lundi 31 janvier 2011

Small Talk

Depuis la naissance de ce blogue, je ne vous ai parlé que de choses intéressantes, intelligentes et particulièrement distrayantes (René Homier-Roy sort de ce corps!). C’est merveilleux, mais là je suis fatiguée d’être aussi géniale. Les grands esprits aussi doivent se reposer. Donc, l’article d’aujourd’hui remplace toutes les conversations inutiles de corridor que je manque en étant ici. Quelques-uns vont dire que ces sujets sont qu’échange de banalités, mais ne les écoutez pas et lisez plutôt toutes ces belles nouvelles tirées de mes expériences quotidiennes qui pourraient faire l’objet de causettes légères.
Balade dans Regent's Park

Sujet par excellence : La température
Il fallait bien que je me plaigne du manque de lumière sur ce blogue pour que dame nature daigne nous accorder quelques heures de soleil. Nous avons eu trois petites heures de soleil hier et une presque journée aujourd’hui, pas de vraie pluie depuis quatre jours… 

EXCITATION!!!!!
Il fait frette par contre :( 
On ne peut quand même pas tout avoir…


Sujet tiré de la vie quotidienne : Le transport
Je vous ai déjà parlé rapidement de la difficulté de prendre l’Underground aux heures de pointe. Depuis ma deuxième semaine ici, j’ai changé mon horaire du tout au tout. Je pars maintenant vers 9h30 tous les matins pour ne quitter LSE que vers les 19h30 le soir, sinon c’est la cohue.

On oublie souvent que le métro de Londres a été la cible d’attaques terroristes en 2005. Depuis ce jour, on y entend toute sorte de messages comme dans les aéroports. Si ça continu, le « ne laissez pas vos effets personnels sans surveillance » deviendra possiblement aussi célèbre que le « Mind the gap ». En tout cas, après un mois je suis capable de répéter les avertissements comme j’étais capable, dans mes années de secondaires, d’annoncer le message d’arrivée à la Station Henri-Bourassa (Terminus…merci d’avoir voyagé avec la STCUM, bonne soirée !).

Mais, ce qui m’a fait définitivement changer mon horaire, c’est que l’autre soir, ils ont fait entièrement évacuer une station de l’envergure de Berri-UQAM en pleine heure de pointe. Tous les Londoniens en bons petits soldats dociles ont suivi l’indication donnée au haut-parleur et sont sortis tranquillement sans paniquer. Je vous avoue que personnellement je fuyais uniquement le son strident de l’alarme. Je suis encore hébétée que TOUS les gens soient sortis sans broncher en moins de deux. 

Après plusieurs minutes d’attente à l’extérieur de la station, j’ai donc décidé de marcher jusqu’à Tottenham Court Road qui était évidemment complètement engorgée. J’ai donc passé mon voyage écrasé entre la porte et les tonnes de gens. Vingt minutes, c’est vraiment long dans ces conditions. Tout ça parce qu’il y a un tata qui avait laissé son sac sans surveillance. 

Le sujet qui peut être dangereux parce qu’il peut mener à une conversation désagréablement longue, beaucoup trop courte ou plus personnelle qu'il n'en faut: La fin de semaine

Lundi 10h, BIOS, près de la bouilloire.
Moi : T’as passé une belle fin de semaine ?
Collègue #1 : Tranquille, toi ?
Moi : Super. Je suis allée me promener à Regent’s Park, c’était magnifique. Et toi collègue-que-je-ne-connais-presque-pas ?
Collègue #2 : Ah bof! Samedi j'ai eu une grosse dispute avec mon chum concernant mon entrevue pour le poste à Ville-suisse-inconnue. Bla bla bla… Il dit qu’avoir une famille à distance ce n’est pas possible. Moi je pense que cela peut se faire si on s’investit totalement. Bla bla bla… On n’est vraiment pas sur la même longueur d’onde. Mais au moins, se chicaner comme ça, ça a des avantages, si vous voyez ce que je veux dire. On a passé la journée de dimanche au lit à se réconcilier ;)
Moi : Oh ! J’ai du travail. Je vais vous laisser discuter entre vous. À plus tard…



Sujet qui pourrait être potentiellement pertinent, mais qui ne l'est pas nécessairement (surtout quand la source c’est le journal « métro » de Londres): L’actualité

Potin Bloomsbury (le Plateau de Londres) #1 : Le Prince William va se marier en uniforme militaire. Attention mesdames, cœurs sensibles s’abstenir :)

Potin Bloomsbury #2 : Elton John et son partenaire David Furnish ont finalement décidé comment ils voulaient que leur fils (né d’une mère porteuse le jour de Noël) les appelle respectivement. Elton sera « daddy » et David sera « papa ». C’est tu pas beau ça!!

Potin Bloomsbury #3 : Spotted - Gwyneth Paltrow in central London. Elle aurait été vue au chic Soho Hotel portant une jupe outrageusement courte et des talons aiguilles. Comme si elle n’avait pas les jambes pour!

Potin Bloomsbury #4 (pis on va en avoir assez après): La chanteuse Duffy est facile à saouler. Elle l’a déclaré brillamment à un journaliste du Hello, et s’étonne maintenant qu’ils aient titré cette nouvelle: « Pissed after two drinks, Duffy declares to be a cheap date ». Ça vole haut je vous dis !

Sujet de conversation assez l’fun à entretenir avec une personne choisie, que personne d’entre vous n'allez jamais avoir avec un inconnu, mais fouillez-moi pourquoi, moi oui : Le people watching

Je suis en train de prendre un cour d’Italien dans le métro un matin (avec mon livre d’exercice dans les mains et les instructions dans mon ipod – Merci Miss !) et un vieux monsieur anglais au veston de tweed me tape sur la main pour attirer mon attention. J’enlève mes écouteurs et baisse mon manuel en pensant qu’il veut me poser une question. Mais, non. Il me fait simplement remarquer, tout à fait naturellement, comme si j’étais sa compagne de voyage, que les gens autour de nous font pleins d’activités différentes : moi je lis un roman en français (il a rien compris !), la dame à côté de nous tricote un foulard vert vomi (« vomit green » c’est lui qui l’a dit), le monsieur qui est debout révise des graphiques avec un air perplexe, la jeune fille en face pratique une présentation orale (elle a des cartes dans les mains et elle fait du lipsync) et l’autre jeune femme en diagonale se met du mascara. 

Il me demande sans vraiment vouloir la réponse pourquoi elle se maquille dans le métro et pas à la maison. Il me dit ça comme si j’allais lui faire le message de se lever plus tôt le matin et de se maquiller avant de partir. Ou plutôt, comme si j’allais me mettre une note à moi-même du genre : « No mascara in the Underground. I repeat, please don’t put on mascara on the Underground! ». Étrange quand même ce monsieur…

Mais bon, on sait bien… vous ça ne vous étonne pas que je me sois fait un ami excentrique. C’est de renommée internationale que je suis le public numéro un pour les discussions incongrues avec des inconnus dans des lieux insolites. Je ne m’en sauverai donc jamais? (Soupir!)

Psst ! J’ai une dernière anecdote de cadre de porte : pour tout vous dire, j’avais remarqué avant ma discussion avec Monsieur l’Anglais-au-veston-de-Tweed que les filles d’ici se mettent du mascara dans le métro. Elles ne se maquillent pas. Elles se mettent du mascara. Juste ça, pendant dix stations. Elles se mettent du mascara pendant vraiment très longtemps. Et pas seulement une fille. Plein de filles. Je sais pas pourquoi c’est comme ça, mais je sais maintenant d’où vient l’expression Shit Faced.
Beaucoup trop de Mascara + Anglaise trop saoule + Pluie londonienne + Fin de soirée/nuit =  Shit Faced !

Bon, tout compte fait, je n'ai jamais été très bonne dans le small talk. Trop loquace ou intelligente, c'est selon :) Je vous promets donc de revenir à mes bonnes vieilles habitudes dès le prochain post.

Arrivederci!

vendredi 28 janvier 2011

Winter Wonderland

Comme tous les mercredis après-midi, les membres de BIOS se sont rassemblés, la semaine dernière, autour d’un morceau de gâteau (Toffee!!! Miam!) et d’un thé. À la table, le principal sujet de conversation était l’urgence de trouver une activité à faire en groupe afin de ragaillardir les relations entre les membres du clan. Le centre est en période de transition : plusieurs doctorants ont terminé leur thèse avant Noël, d’autres membres du groupe ne viennent que très rarement au bureau, nous sommes maintenant quatre nouveaux chercheurs invités et les deux directeurs sont – supposément — en congé sabbatique.

Bien que je n’aie pas senti du tout le manque de dynamisme dont parlent les vieux de la vieille (si ça, c’est un manque de dynamisme, au Canada, les centres de recherche sont littéralement inertes!),  je ne peux pas dire que je suis contre l’idée de connaître mieux mes collègues et d’ajouter des activités sociales à mon calendrier.

Lors du brainstorming, Alex, un collègue doctorant originaire de la Nouvelle-Écosse, évoque sur un ton sarcastique l’idée d’aller patiner à la Somerset House. Tout en lançant l’idée, il mentionne que ses capacités de patineurs sont très limitées et qu’il préfèrera sûrement rester près de la bande à encourager les autres. Je seconde, en racontant brièvement mes prouesses artistiques (hum, hum) d’avant Noël sur la glace de St-Donat.

En écoutant notre conversation parallèle, un collègue s’exclame : « What? You two Canadians are not even able to skate! Isn’t it your national sport or something? » Et de là est partie une série de boutades sur le fait que ni Alex ni moi ne soyons très à l’aise sur des patins et que bien que nous soyons tous deux fans de hockey, nous n’avons aucune chance de faire partie de la moindre ligue de garage… à moins qu’elle en soit une de hockey-bottines. Bref, nos amis européens nous trouvaient bien amusants avec notre incompétence commune et se sont mis à réellement considérer l’idée d’aller patiner sur le SEUL rond de glace de Londres… vraisemblablement pour se payer notre tronche encore davantage.

Je connaissais la Somerset House de nom et je savais qu’on y présente à l’occasion des concerts en plein air et des films, des expositions d’art visuel et qu’elle sert de runway lors de la semaine de la mode (la 2e semaine de février). Par contre, je ne savais pas qu’à tous les hivers, on installait une patinoire dans sa cour intérieure et que celle-ci était ouverte au public.

OK, ici, rectification : ouverte au public pour la modique somme de 15£, sans la location de patins! Il n’en manquait pas plus pour qu’Alex et moi nous accordions, sans nous consulter, sur le fait que les patinoires devraient toujours être gratuites et que dans toute province canadienne qui se respecte, elles ont le statut de service essentiel. Nous raillons sur le fait que les Anglais pensent connaître l’hiver, quand seuls nous, et peut-être Mianna qui vient de la Finlande, peuvent réellement se targuer de comprendre le froid et la neige. 

Claire nous explique donc que cette patinoire est réfrigérée par un système puissant afin que cette glace persiste même avec les températures douces et les multiples averses hivernales.  Cathy mentionne aussi le fait que cette année, c’est Tiffany, la bijouterie si célèbre, qui commandite l’événement (parce que s’en est un pour les Londoniens). Desmond nous raconte que dans sa famille, c’est une tradition que d’aller patiner à la Somerset House tous les ans et que cela fait partie de ses plus beaux souvenirs d’enfance. Tous ces arguments nous rappellent donc notre situation géographique et nous font finalement taire.

Ce weekend en sortant du TATE j’ai décidé de traverser le Millenium Bridge pour rejoindre la Rive-Nord de la Tamise et aller me balader près de la cathédrale St-Paul. En remontant à pieds sur Fleet street pour rejoindre les rues qui me sont familières autour de LSE, je me suis rappeler que la Somerset House n’était pas très loin et que ce serait le moment idéal pour aller jeter un œil sur la réputée patinoire.

Je ne sais pas comment vous décrire mes attentes. Je pense que l’image de la patinoire de Central Parc à New York est assez juste. Attendez… Tiffany + Somerset House + événement que tous les Londoniens attendent + tradition familiale… ce sont des idées assez graphiques non? Et à ces images mentales s’ajoutent quelques photos et une vidéo aperçues sur le site internet de la maison. Pour vous mettre dans le bain voilà la vidéo :


La Somerset House est magnifique de tous les côtés. Que l’on marche sur le Victoria Embankment près de l’eau ou sur la Strand du côté de la ville, ce bâtiment néo-classique ne peut laisser personne indifférent. Quand je suis entrée dans la cour intérieure par contre, j’ai retenu un petit fou rire. Pour tout vous dire, le lieu est magique, mais la patinoire est minuscule! 


C’est la plus petite patinoire avec le plus de monde dessus que j’ai vue de toute ma vie. Les gens font pitié parce qu’ils ont à peine deux mètres pour s’élancer ou faire des pirouettes. Les enfants n’ont même pas assez d’espace pour s’amuser convenablement. C’est un peu risible, parce que malgré la température en haut de zéro, ils ont installé une boutique offrant des tuques, des bas de laine et des mitaines en duvet pour ceux qui vont vaillamment affronter la glace. Comme quoi l’hiver n’est pas le pays de tous ;)

C’est là que j’ai constaté que cette saison est plus plaisante chez nous, même s’il fait plus froid qu’ici. Je sais que vous venez de vous taper des journées à -40° et que ce n’est définitivement pas propice à se sortir le bout du nez dehors, mais j’avoue que l’hiver est moins long quand on peut aller patiner, faire du ski ou se chamailler dans la neige. Pour une petite Québécoise, ce n’est peut-être pas la mer à boire, mais à bien y penser je comprends pourquoi les Londoniens en font tout un plat. Je suis ici depuis presque un mois maintenant et j’ai vu le soleil qu’à deux ou trois reprises. Il pleut presque tous les jours et même si l’absence de neige et de grand froid comporte ses avantages, c’est un peu difficile pour moi qui aime tant l’hiver de faire abstraction de cette grisaille.

J’ai donc retenu mon fou rire, je me suis accotée sur la bande et j’ai observé toutes ces personnes glisser joyeusement sous un ciel nuageux. J’ai compris que grâce à ce rond de glace scintillant, Londres essaie de stimuler ses troupes, de faire swingner sa compagnie, de réchauffer l’atmosphère en leur offrant un semblant de féérie hivernale; un peu comme essaie de le faire BIOS avec le thé hebdomadaire et les sorties de groupe.

Nous avons finalement décidé d’aller jouer au Bowling avec les autres membres du centre de recherche. C’est plus sécuritaire et l’incitatif de pouvoir boire une bière en pratiquant cette activité a rallié même les plus perplexes. Cette fois je tente de contenir mes attentes, même si le site internet du salon de quille est MALADE!! Regardez ça… ça donne le goût non!?

mardi 25 janvier 2011

Simply the TATE

Summertime, Jackson Pollock

Une de mes résolutions en arrivant ici était de faire des trucs que je n’ai pas l’habitude de faire lorsque je suis à Montréal, mais que j’adore. Pour vous donner quelques exemples, j’apprécie énormément aller me promener sur le Mont-Royal, mais je n’y vais que très rarement; j’ai un faible pour la projection de vieux films à la cinémathèque, mais la dernière à laquelle j’ai assisté remonte aux Parapluies de Cherbourg deux hivers passés (!); je suis friande de musique live, mais si ce n’était pas de mon frère et de Miss Marie je louperais tous les bons spectacles. Vous voyez le topo.

Or, la chose que j’aime le plus, d’entre toutes les choses que nous offre notre environnement urbain, c’est d’aller au musée. Malheureusement, pour plusieurs raisons dont la principale est d’être paresseuse, je n’y vais pas assez à mon goût. D'ailleurs, je suis bien déçue de ne pas être allée voir l’exposition « La Rue Ste-Catherine fait la une » au musée Pointe-à-Callière avant mon départ. Je pourrai peut-être éviter de la manquer en y accourant dès mon retour : l’expo prend fin le 24 avril.

Les gens qui me connaissent bien savent que j’affectionne tout particulièrement les musées d’art. C’est probablement grâce à ma mère que j’aime autant me balader entre les toiles et les sculptures. Elle avait l’habitude de nous amener voir des expositions et de nous expliquer ce qui se présentait devant nous de manière à ce que le Ceci n’est pas une pipe de Magritte ait un sens plus profond que celui détecté par un œil de junior. Sans suranalyser, elle prenait le temps de nous parler de l’histoire du peintre, de nous faire discuter de l’œuvre, de nous demander quel effet elle nous faisait, pourquoi on trouvait ça beau ou laid. Encore aujourd’hui elle est ma partenaire favorite pour aller découvrir le travail de tous ces artistes plus ou moins connus qui se cache dans nos musées.

Fidèle à mon intention, je suis partie dimanche matin en direction du TATE Modern. Le TATE a deux maisons à Londres (Britain et Modern) et deux autres à l’extérieur de la ville (à Liverpool et Cornwall), ce qui fait d’elle la plus grande collection d’œuvres d’art en Grande-Bretagne. Le TATE Modern présente des œuvres d’art moderne d’artistes de partout dans le monde (le TATE Britain, quant à lui, présente uniquement des œuvres britanniques mais de tous les courants). Comme presque tous les musées à Londres, le TATE est accessible gratuitement, à part pour les expositions temporaires. La collection permanente est impressionnante, alors c’est clairement sans rancune.


Le musée est installé dans une ancienne usine d’épuration des eaux. Le travail d’architecture et de réaménagement est exceptionnel. Tout est dédié à l’art…et à la famille. Étonnamment les lieux sont pensés en fonction des enfants et des parents qui veulent voir une exposition sans devoir se payer une gardienne. Toutes les aires communes qui ne sont pas consacrées aux œuvres le sont donc aux fratries. Des banquettes sont installées devant des petits lutrins où sont disposés des crayons et des petites cartes destinées aux dessinateurs aguerris, des écrans tactiles offrent des jeux interactifs pour mieux comprendre l’art moderne, des vidéos sont projetés pour expliquer les œuvres aux enfants, des petits cafés offrent des collations pas chères un peu partout. C’est génial!

Cage (6 toiles), Gerhard Richter

Pas surprenant qu’en cette journée grise de janvier, les familles se soient ruées vers le TATE pour passer un après-midi agréable. Partout où j’allais, des enfants étaient couchés par terre ou assis en indien en train de dessiner. Les parents prenaient le temps de se compter leur semaine en jetant un œil sur leur marmot et l’autre sur un Richter.

J’avais déjà vu des étudiants en art s’installer devant une œuvre pour la reproduire dans d’autres musées, comme au Louvre ou à la National Gallerie à Washington, mais je n’avais jamais rien vu de tel qu’au TATE. C’est pour moi la quintessence de l’accessibilité à une chose qui est souvent considérée comme élitiste et impénétrable. Les gens pensent trop souvent qu’aller au musée est une activité d’intello ou que l’art est une chose improductive (dans un sens marchant) et donc, dépourvue d’intérêt.

Quand un enfant pose des questions, s’approche d’une œuvre, reproduit un Miró et se demande pourquoi son dessin à lui n’est pas dans un musée, là on parle de culture. On a la preuve tangible que ces choses dites incompréhensibles le sont tout à fait et que l’esprit s’ouvre très tôt dans l’enfance. J’ai la certitude que c’est lorsqu’on ouvre les portes des musées à notre population que l’on fait foisonner notre culture, que l’on branche les gens à l’histoire, que l’on attise leur curiosité.

L’art moderne a cette qualité d’attirer l’attention. Par la provocation ou l’absurde, la déconstruction ou la performance, ce sont des œuvres qui font parler. Elles sont souvent colorées et gigantesque ce qui contribue à ce que les enfants les trouvent attrayantes et veuillent les dessiner ou en discuter. Comme le disait Jackson Pollock : « The strangeness will wear off and I think we will discover the deeper meanings in modern art ».

Mon oeuvre ;-S
J’ai adoré ma visite. Autant la collection est diversifiée et spectaculaire, autant les œuvres sont bien organisées pour nous transporter totalement dans l’univers critique des années d’après-guerre. L’ambiance qui prévaut dans ce lieu est festive et joviale ce qui n’a qu’amplifié mon amour des musées et de Londres. Je me suis même fait prendre au jeu et j’ai moi aussi gribouillé un peu…tant qu’à y être.

Alors, voilà un autre dimanche entièrement voué à me faire plaisir. Depuis, j’ai fait une petite liste des choses à voir et à faire pendant mon séjour: la parade de la Commémoration de la pendaison de Charles 1er sur Trafalgar Square, le jour de l’an au Quartier chinois, le British Museum, le TATE Britain, un spectacle de jazz au Ronnie Scott’s, etc, etc, etc. La beauté dans tout ça c’est que la plupart de ces trucs sont entièrement gratuits. L’étudiante en profite :)

Allez up… je dois boucler cette chronique illico. Je me sauve à l’instant au British Film Institute qui présente le festival « Audrey Hepburn – The Ultimate Film-Star Icon ». À l’affiche ce soir, Two for the Road… Je vous laisse donc sur quelques oeuvres vues au TATE.

Rothko...pour les fans de Mad Men
Message d'ami, Joan Miro

Salle sur l'Art révolutionnaire Russe

Portrait of a girl, Modigliani
Salle Andy Warhol

jeudi 20 janvier 2011

LSE and Other Drugs*

*Attention ce post contient des propos intellectuels pouvant ne pas convenir à tous les publics. La supervision d’un universitaire est conseillée, bien qu’elle ne soit pas obligatoire, ni nécessaire.

Dans l’avion me transportant de Montréal vers Londres j’ai profité de tous les services que m’offraient aimablement Air Canada en échange de la modique somme de 932$ : soit un repas de pâtes qui goûtaient le congelé, une "tite couvarte" bleue encore humide, un oreiller blanc que j’aurais dû voler et … des films. Ils sont, selon moi, les seuls avantages d’un voyage en avion à part, évidemment, vous mener à votre destination finale.

En tout cas, je me suis tapé trois films pendant mon vol : Social Network, The Town et Love and Other Drugs. C’est de ce dernier que part le concours de circonstances qui sera le propos de ce post. Comme quoi la vie nous met dans de bonnes dispositions. Me voilà dans l’avion en train d’écouter cette comédie romantico-dramatique sans savoir que ce film allait m’aider à saisir les détails des deux séminaires auxquels j’ai participé cette semaine.

Pour vous mettre en contexte, le film raconte la rencontre de Jamie qui vend des produits pharmaceutiques pour Pfizer et Maggie qui est atteinte de Parkinson. Après une torride histoire de baise supposément sans lendemain, ces deux jeunes gens tombent amoureux et patati et patata. Bon, je ne vous raconte pas la fin du film, même si vous vous en doutez bien.

Ce qui est intéressant, c’est plutôt l’histoire qui se joue en arrière-plan. Jamie est représentant pharmaceutique pour Pfizer à l’époque où son compétiteur direct est Eli Lilly qui commercialise le Prozac. Dans les années 1990, Prozac était vendu à peu près à tout le monde pour divers déséquilibres neuro-psychologiques allant de la dépression, aux troubles d’anxiété en passant par la boulimie. C’était les années où les compagnies pharmaceutiques faisaient ce qu’on appelle dans le jargon du « benefits selling » , soit faire la promotion d’un médicament non seulement pour régler le trouble pour lequel il a été conçu, mais pour traiter d’autres symptômes. C’est un peu ce qui s’est passé avec le Propecia qui était destiné à la base au traitement et à la prévention des cancers de la prostate, mais qui s’est avéré être très efficace contre la calvitie. Vous connaissez fort probablement quelqu’un dans votre entourage, un jeune homme d’une trentaine d’années, qui en prend…pas pour son cancer je vous l’assure.

On voit donc Jamie, dans le film, essayer de vendre aux médecins l’idée de prescrire du Zoloft (la version de Pfizer du Prozac), ce médicament étant censé avoir moins d’effets secondaires que son concurrent. Ce que l’on ne dit pas dans cette superproduction, c’est que quelques années plus tard, le Prozac a été énormément critiqué pour les problèmes de dépendance qu’il occasionnait et les fortes répercussions négatives sur les patients lorsqu’ils tentaient d’arrêter le traitement. Mais pour en revenir à Jamie, il échoue lamentablement vu la très grande popularité du Prozac à l’époque. Pour la petite histoire, Pfizer a eu de la difficulté à être dans la course au titre de la plus grande compagnie pharma au monde jusqu’à l’arrivée du Viagra. Elle est maintenant grande gagnante devant Johnson & Johnson et Merck. La sortie de la petite pilule bleue est dépeinte dans le film comme un moment charnière dans la carrière du personnage principal.

Pourquoi je vous raconte tout ça ? Bien c’est que cette semaine, j’ai assisté à deux séminaires qui portaient, l’un sur l’histoire de la médecine et des diagnostiques, et l’autre sur les compagnies pharmaceutiques, les essaies cliniques et la vente de médicaments. Là vous vous demandez : « C’est quoi le rapport avec ta thèse sur les familles et la procréation assistée ? » 

Bien, c’est assez simple. La médecine fait partie intégrante de mon sujet de thèse étant donné que sans ces technologies médicales, les médecins eux-mêmes et les dogues qui sont essentielles aux traitements, il n’y aurait pas de bébés éprouvettes et donc, pas de thèse … ni de mères éprouvées (se référer à la citation de Julie Snyder dans cet excellent article d’Ariane Lacoursière pour comprendre mon gag).

J’ai littéralement bu les paroles de Nikolas Rose pendant ces deux séminaires. Le rôle des compagnies pharmaceutiques et la construction des diagnostics médicaux me fascinent depuis longtemps. J’ai cassé les oreilles de quelques-uns d’entre vous avec mes multiples lectures sur la pilule contraceptive ou le Guardacil et je mijote un projet de livre (Hormono-politics) avec Mireille depuis quelques années déjà.

D’un point de vue de la science politique, ces enjeux posent plusieurs questions. Quelle est la responsabilité de l’État quant au rapport entre les Big Pharma, les médecins et les patients? Comment mettre en place des mesures règlementaires qui protègent les patients tout en favorisant la recherche et le développement des technologies et des médicaments ? Pourquoi un médicament est en vente libre et un autre non ? Pourquoi accepte-t-on que l’on fasse directement de la publicité pour un médicament aux États-Unis, mais pas au Canada ou en Grande-Bretagne ? Quels sont les incitatifs pour qu’un gouvernement décide de faire une campagne de vaccination massive (rappelez-vous l’an dernier avec la Grippe H1N1 ou Guardasil chez les jeunes filles de 9 à 26 ans au Canada)? Ce ne sont que des exemples, mais c’est fabuleusement fertile ;) comme domaine d’étude.

En se basant sur les travaux de Michel Foucault et plus précisément sur son livre « La naissance de la clinique », Professeur Rose nous a fait la généalogie de la pratique médicale. Il part de l’époque où l’on diagnostiquait les problèmes mentaux en regardant la peau, les yeux et la posture d’une personne, jusqu’à aujourd’hui où l’imagerie par résonnance magnétique révèle en une petite tache bleue le siège exact de la folie dans le cerveau d’un sujet. Il explique comment jadis des simples photos témoins étaient utilisées pour identifier une démence quand aujourd’hui les médecins se réfèrent à des manuels remplis d’indicateurs et de types de symptômes en plus des dizaines de tests iatriques afin de poser le même diagnostique. Ce qui nous intéresse en plus de comprendre l’évolution de toutes ces pratiques, c’est de voir que toute science se construit à travers le temps et les découvertes. Ce qui nous paraissait être un remède totalement révolutionnaire à une époque (ex : la lobotomie) peut maintenant nous sembler une torture inhumaine. Nous voulons comprendre pourquoi c’est ainsi, qu'est-ce qui nous amène à comprendre les choses comme elles sont à un moment et pourquoi on change d’idée en cours de route, qui est-ce que l’on croit détenir la vérité, en qui on a confiance et pourquoi ?

Afin de répondre à ces questions, il faut se plonger dans les livres, mais aussi se plonger dans le réel, dans la pratique, aller sur le terrain. Voir le présent pour comprendre le passé et refaire la généalogie (i.e. l’inverse de l’histoire qui part du passé pour revenir vers aujourd’hui) d’une discipline contemporaine. Pour les gens comme moi qui font des sciences sociales, avoir une fenêtre sur une pratique - disons ici la vente de produits pharmaceutiques - c’est comme avoir accès à notre objet d’étude, c’est comme mettre du sens commun dans une réflexion théorique. Je ne suis pas en train de vous dire que le film m’a donné un regard tout à fait pertinent et valable sur le milieu de la pharmacologie, mais il m’a aidée à mettre des images sur des mots. Ce n’est pas un peu moins geek expliqué comme ça??

En tout cas, comme ma compétence s’arrête là, je vais vous épargner ma critique cinématographique. En espérant qu'il y ait encore plusieurs séminaires aussi intéressants dans les prochaines semaines. Qui sait, peut-être que ma lecture de "Eat, Pray, Love" m'aura servi à quelque chose finalement?!




dimanche 16 janvier 2011

Here to Discover!

J’ai eu une première semaine extraordinaire au centre de recherche, mais le travail ce n’est quand même pas tout dans la vie! Surtout lorsque l’on a la chance de vivre dans une des plus grandes capitales du monde. Je veux donc consacrer cet article à toutes les promenades que j’ai déjà inscrites à mon carnet de bord. 

Des attraits les plus connus, aux « boroughs » populaires, en passant par le quartier où j’habite, les premières découvertes de mon voyage se sont faites à pieds. Tellement que cet après-midi j’en ai mal aux genoux. Héhé! Je n’ai pas fait le décompte des kilomètres marchés, mais j’ai regardé sur la carte et ça ne m’étonne pas que j’aie une petite douleur due à la fatigue ;)

Comme je vous l’ai dit, grosso modo ma stratégie est simple : je choisis une station de métro ou un quartier et je vais m’y balader quand le désir s’en fait sentir…le soir après le boulot ou les weekends bien évidemment.


Camden Town et Chalk Farm
C’est de là que j’ai écrit mon post sur Oliver dimanche dernier. Je suis partie de chez moi et j’ai marché un bon moment pour finalement me retrouver dans un bain de foule incroyable. Sans hésiter, j’ai choisi de suivre le flot et j’ai abouti sur Chalk Farm.

Cette rue est bondée surtout les weekends, parce que les magasins qui y ont pignon sur rue, doivent céder une place à un immense marché aux puces et à plusieurs marchands ambulants. Dans tous les coins du Camden Market, des petits kiosques nous offrent les éléments vestimentaires nécessaires pour devenir un véritable skinhead : des Doc Martens 18 trous, au manteau de cuir à studs, en passant par le bon vieux t-shirt Union Jack. À l’autre coin de rue, se partageant la vedette, une poignée de vendeurs de répliques d’œuvre d’art et de graffitis de Banksy (pour ceux qui ne le connaissent pas voici un lien vers son site internet : http://www.banksy.co.uk/ ). Mais vous vous doutez bien que ce n’est pas vraiment tout ce bling bling qui m’a charmé.

J’avais en tête de m’installer dans un café et d’écrire ce blogue en prenant le pouls de mon nouvel environnement. Alors, quand j’ai aperçu une enseigne pour un café bio-équitable-machin-machin, je l’ai tout simplement suivie. J’avoue qu’elle me libérait un peu de la cohue de Chalk Farm et qu’elle tombait à point, parce que « je me les gelais ». Mais, je ne suis pas entrée aussi rapidement que prévu dans le café en question, qui est très sympathique, soit dit en passant.

Le chemin qui m’était indiqué m’a menée près du Regent’s canal et plus précisément à l’endroit même du Camden Lock, une écluse qui est ceinturée de vieux édifices. Ces bâtiments sont maintenant dédiés au marché et deviennent, les samedis et dimanches, le centre d’une foire alimentaire (les tentes blanches sur la photo ci-dessous). Turque, mexicaine, chinoise, thaïlandaise, sud-africaine, britannique; toutes les cuisinent y sont servies sous forme de plats à emporter ou à manger sur le pouce par d’aimables ressortissants de ces divers pays. Mon « doner » goûtait exactement comme à Istanbul et j’ai même eu droit à quelques mots de français :)

Il était à peu près 17h sur cette photo, la nuit tombe vite à Londres!

Balade nocturne dans la City of Westminster


Je me disais que c’était grossier de ma part de ne pas avoir pris le temps de saluer la Reine, alors un soir j’ai décidé de remédier à ce manquement grave à l’étiquette royale. Je suis partie de l’Université à pieds pour descendre vers l’Embankment en passant par l’escalier du Savoy. De là j’ai marché jusqu’à Westminster pour valider l’heure sur Big Ben, faire ma révérence à Churchill et remonter vers St-Jame’s Park. J’ai longé le parc jusqu’à rejoindre Buckingham Palace d’où j’ai gentiment envoyer la main à Sa Majesté. Finalement, j’ai traversé Green Parc pour aller reprendre l’Underground…ma faim ne pouvait plus attendre!
Big Ben 18h40
Buckingham Palace

Hampstead et le Highgate Village

J’étais un peu en manque de nature ce samedi. Il faut dire qu’il a fait gris toute la semaine et que mes derniers rayons de soleil remontent à dimanche dernier (le dimanche de Camden). J’ai donc mis le cap sur le Mont-Royal de Londres : Hampstead Heath. C’est un parc réputé pour sa beauté et pour la vue que l’on peut admirer du Paliament Hill, le point le plus haut de Londres.

La station de métro la plus près du parc est Hampstead. Il s’agit d’un des coins les plus cossus de la ville. Autant renommée pour ses belles maisons de style campagnard que pour ses boutiques de luxes et ses restaurants bon chic bon genre (bon prix, ce qui est étonnant!), ce petit bourg était recommandé par Lonely Planet comme l’un des must à voir lors d’un weekend rapido-presto à Londres.


Il y plane une atmosphère comparable à celle de la rue Bernard à Montréal, mais entourée de nature. Les maisons ont de grands jardins, d’immenses arbres à leur devanture et avec le parc pas très loin, on voit clairement que les Londoniens se retrouvent ici pour prendre un bol d’air.


Le parc est superbe. Plusieurs personnes y déambulent avec leur(s) chien(s) et profite du moment pour discuter avec leurs enfants, un ami ou leur amoureux. J’y retournerai certainement quand il fera beau pour voir si l’atmosphère est la même. Hier, c’était un peu comme une journée d’automne du mois de novembre au Québec. La même odeur émanait des feuilles mortes, de la pelouse mouillée et de la boue, même mes bottes y ont goûté...

J’ai pris mon temps sur la colline à profiter de la vue et de l’espace, et lorsque j’en ai eu assez, je suis remontée par les rues à travers les maisons huppées pour déboucher sur Highgate Village. La marche en valait la chandelle!

Highgate Village
Nothing Hill et le Portobello Road Market


Aujourd’hui je suis allée me promener dans Nothing Hill. Qui dit marché à Londres ne veut pas nécessairement dire marché d’aliments. En fait, le seul réel marché qui vend de la nourriture est le Borough Market mis sur la carte par Jamie Oliver (je n’ai pas eu la chance encore de le visiter).

Je savais que le Nothing Hill avait un marché d’antiquités et des petits restos agréables pour prendre un thé. Mon but de la journée était entre autres de trouver des cartes postales et d’en écrire quelques-unes. L’endroit semblait tout destiné à m’accueillir.

Portobello road est très jolie, mais nous emmène dans un univers tout à fait différent de Camden; je dirais que c’est plus bobo (bourgeois-bohème), plus Hugh Grant, plus bien élevé, trop politicaly correct. J’ai quand même passé une belle journée et l’endroit où j’ai élu domicile pour rédiger les petits mots aux personnes que j’aime fait d’excellents « breakfast pads ». C’est clair que j’y retournerai pour tester une deuxième fois mes impressions et pour remanger un de ces délicieux sandwichs œuf/saucisse/fromage.



Découvertes de la vie quotidienne, en vrac
  1. Même si tu passes une heure à raidir tes cheveux, ils auront, de toute manière, l’air de ça arrivé le soir -->
  2. Les « power-bar » font littéralement cramer les convertisseurs de charge, il faut donc brancher directement au mur.
  3. La bière est bonne et peu chère que dans les pubs, éviter les épiceries.
  4. Les Anglais ne dînent pas.
  5. Dire « Cheers » c’est bon pour tout, tout le temps. Pour saluer, dire au revoir, remercier, faire un toast, etc.
  6. Le métro est un transport fiable, mais peu prévisible. Le même trajet peut prendre 15 minutes un matin et 35 minutes un autre.
  7. Vaut mieux ne pas prendre les transports en commun aux heures de pointe.
  8. Vaut mieux ne pas prendre les transports en commun avec des sacs d’épicerie… aux heures de pointe :-S
  9. Le café est ignoble à peu près partout, sauf au Starbuck. Le thé c’est vraiment mieux !
  10. Il faut que je m’arrange pour avoir des problèmes d’ordinateur plus souvent. Le gars des TI de LSE est vraiment beau. Ha!Ha!