dimanche 27 février 2011

Spiral Tribe

Je ne vous ai pas oublié. Je dois dire que c'est un peu difficile de vous raconter mes aventures ces jours-ci. Ma tribu est en ville depuis mercredi et j'en profite :)

On fait du camping dans mon mini studio...à quatre. C'est assez rigolo, mais bon, on s'aime alors on fait comme les danseurs de tango et on essaie de ne pas trop se piler sur les pieds.

Je vous donnerai plus de détails cette semaine, parce que nous faisons des trucs vraiment chouettes qui méritent plusieurs chroniques... dont une de "people watching". Je demanderai peut-être à Miss Marie de collaborer.

Oh! Vous voulez savoir qui fait partie de la tribu? Marie, Rukmini, Mathieu et Paul (qui habite à l'hôtel) et mon ami François qui est ici pour 6 mois et mes amis d'ici (qui sont de plus en plus mes amis).

Pas de solitude au menu, mais plein de plaisir avec mes potes que j'adore. Le blogue en pâtira probablement, mais je sais que vous comprendrez. C'est pour une bonne cause, je fais le pleins d'histoire à raconter :)

C'est une photo de Miss Ruk du Millenium Bridge

dimanche 20 février 2011

My week in hearts ♥,diamonds ♦, clubs ♣ and spades ♠

Vous savez ces tables de poker dans les casinos où les gens jouent des parties à gros budget et autour desquelles plusieurs personnes s’installent pour analyser les stratégies des maîtres de la frime? Bien, cette semaine je me sens à la fois comme la mise qui est en jeu, le croupier, un joueur et une des spectatrices.

La semaine s’est déroulée à la vitesse de l’éclair et j’ai eu l’impression constante que je n’arriverais pas à reprendre le contrôle sur les évènements. Que je gagne une main ou que je brasse les cartes importe peu, car j'imagine que la seule chose qui me reste à faire à partir de maintenant c’est d’y aller « all in » et de faire confiance au hasard pour le reste de la partie.

Voici quelques levées de cette joute enlevante...

Les valets de cœur

Lundi c’était la St-Valentin et je l’ai passé à discuter de bioéthique avec des collègues. Je me suis enrôlée dans un séminaire de deux jours sur les questions transnationales soulevées par les politiques biomédicales. J’en ai tiré une réflexion très intéressante sur la place des comités d’éthiques dans les processus de prise de décision un peu partout au monde. C’est une chose à laquelle je réfléchis depuis un petit bout de temps étant donné que c’est une des différences majeures entre le processus politique canadien et britannique. Ici les comités d’éthiques influencent l’adoption d’une « hard law » tandis qu’au Canada, ces mêmes comités sont davantage liés à l’établissement de codes de pratiques qui ne comportent pas nécessairement d’engagement légal. 

Vous voyez, j’ai le cœur dans la tête et ça fait en sorte que j’ai complètement oublié que c’était la fête des amoureux. Ce n’est pas vraiment que la St-Valentin soit importante en soi. Bon OK. Peut-être un peu… 

Faut dire que je suis une éternelle romantique qui aime bien cette fête, malgré toutes les critiques que l’on peut en faire. Vous ne trouvez pas que c’est un peu cliché de ne pas aimer la St-Valentin quand on est célibataire ? Je trouve que c’est trop facile, c’est comme un enfant qui n’aime pas les brocolis. Alors, j’assume. 

J’adore l’idée de dire aux personnes importantes pour moi que je les aime, les petites attentions particulières qui viennent avec cette journée et le rouge. Donc, vous comprendrez que j’étais un peu triste dans le métro à mon retour vers la maison en constatant cet oubli impromptu et en voyant tous ces couples se serrer amoureusement. 

Par bonheur, quand je suis arrivée de mon souper et que j’ai regardé mes courriels, deux beaux messages m’attendaient. J’ai deux valentins qui m’ont envoyé des bisous même si je suis au bout du monde. Deux personnes qui m’ont remplie de bien plus que de réflexions complexes. En quelques lignes, ils m’ont fait sentir comme la personne la plus importante sur terre. Et j’ai bien dormi :)

La Dame de carreau (The Queen of diamonds)

Il faut quand même que je vous raconte l’épisode le plus surréaliste de ma semaine. Comme je vous en ai glissé un mot dimanche dernier, j’avais rendez-vous mercredi soir au Ritz. Je peux vous dire d’emblée que j’ai eu l’impression d’être dans un film de Woody Allen toute la soirée. C’était un peu absurde. On aurait dit que Lily avait jeté son dévolu sur moi et m’avait élu sa dame de compagnie.

On a bu un verre de boisson aux fruits non alcoolisé qui coûtait les yeux de la tête dans le salon rond de l’hôtel où les butlers semblaient connaître Lily comme si elle fréquentait souvent l’endroit. Vers 20h on s’est déplacé vers un chic bistro français pour le repas et on a terminé la soirée chez Lily où elle m’a gentiment servi un thé. En soi, c’était très chouette de se faire payer la traite comme ça, mais quand même, c’était un peu étrange.


Au départ, j’étais impressionnée par les endroits élégants qu’elle avait choisis, le décorum des serveurs du Ritz et de chez Racine, et aussi par la petite rivière de diamants au doigt de ma compagne. Mais bizarrement ce sentiment est disparu assez rapidement pour être remplacé par la curiosité, l’amusement et un peu de pitié … je dois l’avouer.

Bien qu’elle n’ait pas arrêté de me parler de son fils et de sa vie à Londres, de ses amis de la haute et des endroits chics qu’elle fréquente, je n’ai pas vraiment réussi à reconstruire la vie de cette dame. Je suis encore dans la brume par rapport à ce qu’elle a fait dans la vie et pourquoi elle est à Londres depuis sept ans. Et lorsque je posais des questions, presque chacune d’entre elles était brillamment écartée pour revenir au propos qui lui plaisait davantage. De là ma curiosité.

Il me semble après l’avoir écouté qu’elle se considère et est probablement un peu comme la pauvre des riches. Je vous donne des exemples : elle me parle de ce sac à main Louis Vuitton qu’elle veut se procurer (environ 1000£), mais qu’elle ne peut pas se permettre d’acheter à prix régulier, elle vit dans Kensington dans un appartement minuscule (plus petit que le mien à Montréal) à deux pas du Harrods qui coûte prêt de 1000£ par semaine. Lorsqu’on prenait le thé chez elle, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’est un peu ridicule d’être si riche, mais de ne pas s’offrir davantage, seulement parce que l’on est attaché à un genre de « standing » qui nous force à entrer dans un moule au prix exorbitant. De là mon amusement.

Mais, le plus embarrassant, c’est que cela ne m’a pris que quelques minutes pour comprendre que cette femme est foncièrement isolée. Que derrière ses manières mondaines, elle parle avec les gens et invite des personnes comme moi à partager ses repas, parce que sinon, elle se retrouve seule. C’est une peu triste de penser qu’une femme si gentille et brillante s’en remet à des inconnus pour combler sa solitude. De là ma pitié.

Sa générosité est incroyable et j’ai peine à croire qu’une étrangère m’a si gracieusement offert une soirée dans ces endroits chics de Londres. Je lui ai promis d’aller faire les musées un dimanche et ce sera avec plaisir que je la reverrai. De toute manière, elle m’a redit mille fois qu’elle voulait que je présente mon travail à une douzaine de ses amis lors d’une soirée « informelle », alors il semble bien que j’aurai la chance de faire quelque chose pour elle en gage de ma gratitude. Et bon, ce n’est pas tous les jours que quelqu’un vous ouvre la porte sur un univers V.I.P. comme celui-là quand même.

L’As de Trèfle

Je ne vous ai pas encore parlé de Cathy et je dois absolument le faire, car je dis souvent en riant qu’elle est comme mon trèfle à quatre feuilles. Cathy est elle aussi Visiting Research Scholar à BIOS, mais je la connais depuis un an déjà. Mon collègue belge, David, m’en parle depuis des lunes et j’ai fini par avoir l’occasion de la rencontrer l’an dernier juste avant Noël. Une professeure de l’Université d’Ottawa nous avait invités à souper à son appartement de Montréal. C’est elle qui nous a finalement mis sur le même chemin…un chemin qui nous a menés tous les deux à Londres.

Quand j’ai organisé mon périple, je ne savais pas que Cathy était à BIOS depuis le mois de septembre. C’est David qui m’a annoncé cette nouvelle dans une de nos correspondances avant les fêtes de cette année. J’étais contente de savoir que j’allais connaître quelqu’un ici, mais j’étais loin de me douter d’à quel point, sa présence serait un trésor.

Pourquoi ? Parce qu’elle est ce qui aurait manqué à BIOS pour être parfait autrement, soit une perspective « famille » dans cet univers biomédical.  Les professeurs associés à BIOS sont tous les deux en congé sabbatique. Même s’ils sont disponibles et vraiment ouverts à me rencontrer, leur supervision est tout de même limitée. Dans ce contexte, Cathy a pris le rôle de mentor.

On s’est donc donné comme objectif, elle et moi, de se rencontrer trois fois pendant mon séjour pour discuter de notre travail. La formule est simple : on s’échange chacun un texte, qui l’on lit et critique, pour donner des commentaires et des suggestions à l’autre. On s’est rencontré pour la première fois cette semaine et elle a complètement délié les problèmes que j’ai avec un article depuis un an. Elle a trouvé mon fil conducteur et m’a donné des trucs pour mettre en évidence mon argument. Elle m’a indiqué les points forts tout en poussant ma réflexion plus loin.

Il est clair que je bénéficie beaucoup plus de cet exercice qu’elle, malgré qu’elle dise apprécier autant que moi ces échanges. C’est extraordinaire pour moi à ce stade-ci de mon processus. Ceux qui sont dans ma situation savent à quel point il est difficile de trouver une personne capable de donner de la bonne rétroaction sur notre travail, de formuler une vraie critique pertinente et constructive.

Sur un plan plus personnel,  elle fait partie de ma petite bande de copines avec qui on fait nos « girls night out » hebdomadaires. Partager des soirées en sa compagnie est un vrai bonheur parce qu’elle teinte nos conversations avec son humour déluré et son ouverture d’esprit. Elle est d’origine belge, mais partage mon amour de Montréal, connaît mes réseaux et me fait profiter du sien ici. Moi petit doigt me dit qu’elle deviendra une collègue et une amie très importante dans les prochaines années. 

dimanche 13 février 2011

A chance encounter

Well, well, well… Ma faculté à me faire des amis étranges dans des contextes décousus semble avoir ses bons côtés. Je suis invitée à aller prendre un apéro au Ritz ce mercredi soir. Je ne blague pas, je vous le jure. Et ne vous emballez pas trop vite, ce n’est pas un homme qui m’y convie.

Mercredi soir dernier, avec mes parents, on est allé voir La flute enchantée de Mozart à l’Opéra de Londres. Assise à côté de nous, une dame aborde mon père en français lors de l’entracte et lui demande d’où il vient et toute la poutine habituelle. Avant que le spectacle ne recommence, mon père décide d’aller explorer un peu les lieux pour se délier les jambes, alors je reste avec la dame et continue la conversation. Lily est originaire du Panama et parle français puisqu’elle a habité Genève pendant des années, son mari y était consul. Elle me raconte brièvement que son fils et elle demeurent à Londres depuis peu, que son fils travaille pour la maison Cartier (les bijoux), qu’elle est maintenant veuve et qu’elle habite Knightsbridge, un des quartiers les plus huppés de la ville. Je lui parle un peu des raisons de mon séjour à Londres jusqu’à ce que le deuxième acte commence.

Après la pièce, Lily s’excuse de ne pas pouvoir nous inviter à prendre un verre, mes parents et moi, parce qu’elle se sent enrhumée. Elle m’invite par contre à la maison pour un souper du dimanche, me donne son numéro de téléphone et son adresse en me disant que si j’ai besoin d’aide ou d’un médecin (!) je n’ai qu’à lui donner un coup de fil. Je lui tends ma carte avec mon numéro de portable en me disant qu’elle est bien sympathique, mais qu’elle n’appellera probablement jamais; que ce genre de charabia est une manière polie de faire connaissance avec les gens ou tout simplement des relents de son ancien rôle comme femme de diplomate.

Quelle surprise ce midi quand mon téléphone sonne (pour la première fois) et qu’au bout du fil c’est elle. Lily me demande subito presto si j’accepterais de parler de mon travail à quelque-uns de ses amis lors d’une soirée privée chez elle. Rien de formel vous voyez, juste quelques voisins et amis, avec du vin et des fromages et un petit orchestre de chambre. Rien d’extraordinaire!!

Elle continue en m’invitant à prendre le thé cette semaine ou un autre jour, elle me dit qu’elle vérifie si elle peut m’avoir une place au Barbican pour m’amené voir le Berliner Philharmoniker qui y donne une représentation très prisée (c’est sold out), elle veut aussi m’amené voir Madame Butterfly au Royal Albert Hall, elle me parle des galeries et des musées qu’elle aimerait me faire visiter… Je suis étourdie. C’est un must dit-elle, elle veut que je profite de toute la culture dont Londres nous fait cadeau. Euh… qui est-ce qui va financer ça ce beau projet-là??

En tout cas, tout ça est encore dans l’air, nous verrons bien si ces sorties se concrétiseront en temps en lieu. Quand elle me laisse finalement glisser un mot, j’accepte de rencontrer ses amis et de parler de mon travail ce qui s’enchaîne par la prise d’un rendez-vous, pour un apéro, afin de discuter de cette soirée et confirmer une date. Le point de rencontre : Le Grand Hall du Ritz!!!!! Elle m’amènera manger après…

Je vous garde au courant, mais si je dois m’occuper de l’addition, je risque d’être endettée pour les vingt-cinq prochaines années. Tout ça à cause de cette saprée fatalité d’être trop sympathique avec les étrangers. Mais bon, je vais faire confiance à ma bonne étoile et je verrai bien ce que ce coup du sort m’apportera de bon.

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En passant, nos trois sorties de cette semaine étaient vraiment agréables. On est allé voir War Horse ce lundi, une pièce de théâtre avec manipulation de marionnettes géantes. La pièce raconte l'histoire d'un jeune homme qui s'embarque dans l'armée, lors de la Première Guerre mondiale, pour retrouver son cheval qui a été envoyé au combat pour aider l'armée anglaise. Les chevaux sont grandeur nature et manipulés par quatre personnes, ce qui est très impressionnant. Les décors et l'incorporation de la musique étaient exceptionnels. Une recommandation d'un ami de mon père qui s'est avéré être un franc succès.




La vue de notre place au Balcon
Je vous ai conté un peu notre sortie de mercredi, mais sans vraiment vous parler du principal intéressé. L'Opéra de Londres est un endroit magique. Le décor ne peut que nous mettre dans l'ambiance de la musique et du spectacle. De plus, Die Zauberflöte est un des opéras les plus accessibles de tous les répertoires que je connais, ce qui contribue à délier un peu l'atmosphère BoBo de ce genre d'endroit. L'oeuvre raconte les aventures fantastiques du Prince Tamino, parti dans le royaume de Sarastro afin de délivrer la belle Pamina, qui a été enlevé à sa mère, la Reine de la nuit. En compagnie de Papagano, il va traverser d'étranges épreuves pour pouvoir s'unir à sa douce bien-aimée. C'était une très jolie soirée et la découverte de voix remarquables.

Finalement, jeudi soir, on a clos la triade avec un Musical basé sur la discographie de Queen. Deux personnages réussissent à délivrer le rock de la doctrine du Ga-ga world où les instruments de musique sont bannis et les compagnies génèrent de la musique préprogrammée. Disons que l'histoire était prévisible, mais la musique a réussi à nous emporter et nous faire bouger nos fesses. On est sorti de là énergisés en chantant We Will Rock You et Bohemian Rhapsody :)


Quelle belle semaine j'ai passée avec mes parents! Je crois bien qu'ils ont autant apprécié que moi. On s'est dit un deuxième au revoir hier matin à l'aéroport; papa et maman repartant avec une parcelle de mon amour de Londres. Je continue donc mon voyage en solo jusqu'à la prochaine visite... dans quelques jours seulement!

Don't stop me now, I'm having such a good time, I'm having a ball… ♩♪♬♪♪♬♩Don't stop me now, If you wanna have a good time just give me call... ♩♪♬♪♪♬♩Don't stop me now...

vendredi 11 février 2011

The Royal, the Mystical and the Beautiful

Mes parents sont arrivés samedi et avec eux ils ont amené une deuxième vague de motivation touristique. Juste au moment où je commençais à me sentir un peu trop chez moi, ils m’ont redonné les yeux de celui qui découvre. Il faut que je vous avoue aussi que je me fais payer la traite solidement. Depuis un mois je fais bien attention à ce que je consomme, car mon budget me permet uniquement de subvenir à mes besoins primaires : dormir, manger, me véhiculer et boire de la bière ;) Papa et Maman subventionnent généreusement les activités qui sont au programme cette semaine, s’assurant par le fait même de passer plein de temps avec moi et de vivre l’excitante City of London. Du coup, ça me permet de profiter d’une parcelle de cette ville dispendieuse à laquelle je n’ai pas accès autrement… et de la si agréable présence de papa et maman, ça va de soi. Ils ont été mes compagnons dans le plus grand nombre de mes odyssées et sont probablement de ceux avec qui il est le plus charmant de voyager (et ce n’est pas à cause des gâteries!).

Quand on a discuté de leur venue et des possibilités exponentielles que leur offrait Londres, ils m’ont fait comprendre qu’ils avaient envie de faire de leur semaine une expérience mondaine. On s’était donc, pendant l’automne, réservé des billets de spectacle et on avait pris quelques informations sur des sorties à faire pendant la durée de leur séjour. Je vous parlerai de nos trois soirées lors de ma prochaine chronique, mais pour l’instant je veux partager avec vous notre incursion dans l’Angleterre bucolique.

La première activité à l’horaire se déroulait ce dimanche. Aussitôt arrivés en ville, nous voilà tous les trois dans un autobus en direction de la campagne. Quelques semaines plus tôt, j’avais pris trois places à bord d’un autobus de la Golden Tour pour une excursion vers Oxford, Stratford, Cotswolds et Warwick Castle. Finalement, le planning a quelque peu changé quand notre tour a été annulé à la dernière minute. Sans nous en préoccuper, nous avons tout simplement changé de cap pour aller voir d’autres merveilles de l’histoire anglaise : Windsor, Stonehenge et Bath.

J’étais contente d’aller frayer avec un peu de verdure. La vie en ville est palpitante, mais je reste intrinsèquement une fille d’espace. J’aime prendre l’air et m’imprégner de nature. Ce n’est pas pour rien que, depuis un mois, dès qu’il fait le moindrement un peu beau et que j’ai du temps, je coure vers un des grands parcs de Londres pour me rassasier un peu. Alors, cette sortie était la bienvenue et il s’est avéré bien passionnant d’aller voir le chalet de la reine, le calendrier de Merlin et le village de Jane Austin.

Windsor Castle

Le château de Windsor est littéralement le chalet de la Reine Elizabeth. Elle y passe plusieurs weekends par année et y tient des réceptions assez régulièrement. Le château est situé dans le Bershire, à environ 30 minutes de route du centre ville de Londres, pas très loin de l’aéroport d’Heathrow. Il est le plus grand château habité du monde et l’est depuis plus de 1000 ans de manière consécutive. Les rois et les reines d’Angleterre ont tous vécu dans ses murs et ont contribué à sa construction, son agrandissement et sa rénovation au cours des ans. 

La visite est vraiment intéressante et c’est assez chouette de penser que les endroits où l’on met les pieds sont encore occupés par la famille royale. Quand on arrive au château on peut rapidement savoir si la Reine est présente en regardant quel drapeau flotte en haut de la tour ronde : si c’est l’Union Jack Sa Majesté est absente, si on aperçoit le Royal Standard, alors la Reine est à la maison.

Le Royal Standard Britannique
Malheureusement, je n’ai pas pu prendre le thé avec elle. Beth devait vaquer à ses occupations de … mais, dites, qu’est-ce qu’elle fait au juste la reine ? ;)

Petite anecdote : Le 20 novembre 1992 un gros incendie s’est déclaré dans la chapelle privée de la Reine. Le feu a détruit 9 des appartements officiels et plusieurs autres pièces adjacentes. Afin de financer les travaux de restauration, la Royal Society a décidé d’ouvrir les appartements d’État de Buckingham Palace aux visiteurs. La résidence principale de la Reine en ville ne pouvait être contemplée que de l’extérieur jusqu’à cette date. Comme il est de moins en moins justifiable de prendre l’argent des contribuables anglais pour la royauté, cette décision semblait la plus adéquate afin de conserver le patrimoine du bâtiment de Windsor sans que cela n’incombe aux payeurs de taxes. Fine solution vous ne trouvez pas ?!

Je vous avoue que j’ai été surprise d’à quel point j’ai aimé ma visite. Je ne suis pas particulièrement royaliste et j’ai d'ordinaire davantage un faible pour les palais fastes des Français ou des Autrichiens (Versailles ou Schönbrunn sont assez fantastiques), mais la sobriété (en comparaison, je dis bien) et l’accessibilité du style britannique demeure un gage de leur histoire royale bien particulière.

Écoutez-vous la série les Tudors ? Je m’y remets dès cette semaine. Si vous êtes curieux, allez la visionner, elle est disponible sur le site de la CBC.



Stonehenge

Étrangement, Stonehenge n’est pas impressionnant parce qu’il est immense. Au contraire, quand on y arrive on doit mettre nos attentes de côté, laisser la première impression dans l’autobus (c’est dont bien p’tit !) et considérer la chose pour ce qu’elle est : une énigme de pierre légendaire. Ce monument préhistorique est toutefois fascinant en raison de la taille des pierres qui ont été ancrées au sol il y a près de 3000 ans, de la complexité des cercles concentriques, de sa conception architecturale liée au soleil et aux saisons et du fait que ses bâtisseurs ont utilisé des blocs de grès Sarsen du Wiltshire et des pierres bleues de Pembroke, des pierres bien spéciales que l’on ne trouve qu’à des kilomètres de l’emplacement du site.

Tout ça est étonnant, mais reste que ce qui frappe vraiment l’imaginaire sur la colline de Salisbury, c’est le doute, le mystère, l’incertitude qui demeure encore malgré toutes la connaissance historique, astronomique, anthropologique, religieuse et géologique que l’on a amassée depuis sa construction. Pendant la visite on nous présente plusieurs interprétations possibles que je ne pourrais pas vous divulguer ici faute de les avoir vraiment retenues. J’avoue préférer à toutes ces théories, le fait que l’on n’ait pas vraiment la solution au casse-tête. Étant donné qu’il plane toujours autant de mystère autour de cet amas de roches, il continue encore aujourd’hui de se forger des tonnes d’hypothèses, des plus scientifiques aux plus loufoques. Par exemple, que des extra-terrestres auraient construit Stonehenge comme plate-forme d’atterrissage sur terre pour leur vaisseau spatial. Nice ! 

Comme j’aime bien raconter des histoires, je vais vous expliquer Stonehenge à ma manière, grâce à la légende qui me plait le plus d’entre toutes les légendes qui circulent à son sujet. L’histoire va comme suit : Le roi des Bretons, Aurelius, voulait bâtir en l’honneur de plusieurs soldats saxons morts glorieusement au combat, un monument à l’endroit où ils avaient été enterrés. Le roi Aurelius, qui est soit dit en passant le père du roi Arthur, demanda à Merlin où l’on pouvait trouver un monument digne des membres de son armée. Merlin lui dit qu’il existait une montagne en Irlande sur laquelle se trouvait un cercle de pierres appelé la Danse des Géants. Ces pierres étaient appelées ainsi, car plusieurs années auparavant, des géants les avaient eux-mêmes ramenés d’Afrique. Le roi Aurelius et son armée tentèrent de démanteler les pierres pour les déplacer, mais ils ne réussirent pas. Merlin leur prêta donc mains fortes et utilisa sa magie pour transporter le mégalithe et le déposer sur la plaine de Salisbury. En un tour de baguette !



Bath

Quel bonheur d’arriver par les pleines du comté de Somerset et d’entrer dans le si joli village de Bath. Ce patelin est célèbre pour ses bains alimentés par trois sources d'eau chaude. Le site de la principale source fut considéré comme un temple par les Celtes et dédié à la déesse Sulis. Les Romains consacrèrent ensuite ce site à leur propre déesse, Minerve. Les bains romains construits à cet endroit sont en très bon état et étaient supposément l’attraction principale de notre visite à Bath.

Il faut que je vous dise que mes parents et moi avons une relation plutôt comique avec les bains romains depuis notre voyage en Tunisie. Quelques jours avant notre retour à la maison, nous avions pris une excursion qui nous amenait à Carthage et Sidi Bou Saïd. Carthage est le site de vestiges d’anciens bains romains vieux de plusieurs milliers d’années. Le guide qui nous faisait faire le tour des ruines était incroyablement mauvais et répétait sans arrêt que les fours, utilisés pour chauffer les bains, étaient dans le sous-sol.

Maman et moi, on était un peu comme des enfants qui rient de leur professeur. On s’est tordu en se moquant du guide toute la journée et on a gardé le réflexe de se dire que les fours sont dans le sous-sol dès qu’on en a l’occasion. « Les fours dans le sous-sol » est devenu notre running gag. Alors, nous voilà plusieurs mois plus tard, à se farcir d’autres ruines, d’autres bains, un autre sous-sol … et à rire autant de notre guide tunisien bien qu’on se trouve à plusieurs kilomètres de lui.


Je ne veux surtout pas sonner suffisante en vous disant que ce n’est pas ce que j’ai préféré de Bath. Les bains sont très beaux et c’est vrai que les vestiges sont particulièrement bien conservés. Mais, je pense que j’arrive à saturation de ruines. Vous, amis qui avez autant voyagé, vous ne trouvez pas qu’à un moment donné les ruines on en a notre dose ?
Le pont habité de Pulteney

Abbey de Bath
Bon bon, pour vous rassurer je suis tombée en amour avec le charme anglais de la ville de Bath. L’Abbey, les petites rues marchandes et le pont Pulteney ont contribué à me faire flancher. J’aurais pris plusieurs heures supplémentaires sur notre horaire pour pouvoir profiter davantage de ce lieu séduisant. C’est n’est pas un hasard que l’écrivaine célèbre Jane Austin s’en est inspiré pour écrire Northanger Abbey et Persuasion dont l'action se situe en grande partie à Bath. L’auteure de Pride and Prejudice est peut-être, parmi tous les habitants et visiteurs célèbres de Bath, celle qui est la plus connue.

Sur le chemin du retour, l’autobus nous a fait voir quelques autres sites intéressants de la ville dont le Royal Circus de Bath. C’est une rue circulaire en plein centre de la ville, accessible grâce à trois chemins qui permettent de circuler dans son enceinte. Le giratoire est ceinturé de maisons attachées les unes aux autres. Les portes noires de ces maisons cossues s’ouvrent sur la vie de personnes riches et célèbres telles que Matt Damon et Nicolas Cage. Mais le plus intéressant d’entre ses résidents habite au numéro 14 : le seul et unique Johnny Depp, mesdames et messieurs ! ;)


J’ai passé une excellente journée et je ne suis pas déçue du tout du changement au programme. Windsor, Stonehenge et Bath se sont avérées être autant surprenantes que magnifiques. Je vais définitivement m’organiser une virée à Oxford pour sortir une autre fois du brouhaha de Londres. Cette fois j’irai certainement par mes propres moyens. Je serai peut-être encore accompagnée… qui sait ?

samedi 5 février 2011

Going Solo

Minnie Cunningham at the Old Bedford par Walter Richard Siskert

Le défaut le plus répandu de notre type de formation et d'éducation : 
personne n'apprend, personne n'aspire, personne n'enseigne... à supporter la solitude.
[Friedrich Nietzsche]

L’homme est un animal grégaire. On aime se promener en bande, s’accoupler (s'unir, se jumeler, former la paire), se rassembler pour partager nos vies. Peut-être que c’est parce qu’on a besoin de points de repère, de s’associer pour se sentir bien ou c’est simplement que l’on est incapable de comprendre quel bonheur réside dans la solitude.

Je trouve que cette citation de Nietzsche est entièrement vraie. Je suis convaincue qu’on oublie de nous apprendre comment supporter la solitude et que cela n’est pas du tout valorisé dans notre société. Pour quelques très bonnes raisons cela étant dit. Je reste convaincue que d’être ensemble, c’est la seule réelle manière de vivre heureux. Par contre, maintenant, je crois qu’il faut être bien seul pour véritablement être avec les autres.

J’ai craint d’être seule très longtemps. Je suis une jonkie du social. La personne qui est la plus heureuse quand la maison est pleine, quand ça grouille. J’aime les discussions enflammées, les fêtes, les surprises, les soupers entre amis, le small talk de corridor, mélanger les gens, les faire se rencontrer, les toucher (hum, hum j’suis une toucheuse)…

Être seule dans mon cas, ça a commencé par aimer le silence. Essayer d’apprécier les moments, même accompagnés, où le silence prend la place. Je l’ai laissé gagner du terrain tranquillement. Je lui ai laissé de l’espace pour circuler, pour qu’il devienne à lui tout seul une conversation. Je ne vous mentirai pas en vous disant que je suis très forte dans l’art d’arrêter de jacasser, mais je suis arrivée à profiter des silences et à essayer de les décoder. Il y a quelqu’un qui a écrit un jour que dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel. C'est ce que je cherchais et le silence a contribué à ce que je le trouve éventuellement.

Je crois que la deuxième étape, ça a été d’entreprendre des choses pour moi. Bizarrement je ne savais pas comment me faire plaisir. Je ne savais pas qu’est-ce que je trouvais beau, bon, agréable. Être seule ça a été pendant un moment, de me tourner vers moi. De faire tout dans un élan de perpétuel égoïsme, et ça s’est avéré incroyablement satisfaisant. 

En quoi cela peut-il avoir à faire avec la solitude? Tout. Leçon numéro un d’apprendre à supporter la solitude : se connaître. C’est essentiel. C’est de là que provient l’autosatisfaction, la résolution individuelle du bonheur. Tu veux faire la fête, go. Tu veux voir cette personne-là, go. Tu veux prendre un bain, lire un livre, te faire un souper gastronomique, go, go, go.  Après ça tu te rends compte que plusieurs de ces plaisirs se consomment en solo.

Le troisième bond vers l’avant a été de prendre mon appartement et d’y installer mon chez moi. Je mentionne souvent cette discussion que j’ai eue avec Vaness au début de mon célibat. Je lui disais combien je la trouvais courageuse de vivre seule. Elle me disait à quel point elle aimait se retrouver dans son cocon. Je me rappelle que j’étais totalement incrédule, mais aussi très curieuse. C’est devenu le premier test (je vous ai déjà dit que Londres était le dernier). Mais moi par rapport à Vaness, je ne savais pas que j’avais le courage. Ça a pris un moment avant que j’arrive à avoir les couilles de faire le saut.

Lors d’un de mes multiples allers-retours entre Montréal et Ottawa, j’ai lu l’excellent (c’est un euphémisme) Chagrin d’École et un passage m’a clairement marqué. À une période où je cherchais moi-même un endroit où atterrir, un espace où me sentir moi-même, Pennac a exprimé ce que je cherchais. 

" Dans le train qui me ramène de Lyon, je me dis qu’en rentrant chez moi, ce n’est pas seulement ma maison que je regagne : je retourne au cœur de mon histoire, je vais me blottir au centre de ma géographie. Quand je passe ma porte, je pénètre en un lieu où j’étais déjà moi-même bien avant ma naissance : le moindre objet, le moindre livre de ma bibliothèque, m’attestent dans ma séculaire identité… "

Depuis, cet extrait a pris plusieurs significations pour moi, mais il est toujours resté parlant.

Je pense qu’il faut un endroit que l’on peut appeler chez soi pour pouvoir divaguer, bourlinguer, s’évanouir dans la beauté du monde et rester bancher sur qui ont est. Un peu comme si la seule manière de supporter la solitude s’était d’être bien en dedans et de savoir d’où l’on vient. L’endroit peut changer, le pays même. Ce n’est pas le lieu qui fait le chez-soi, c’est l’âme qu’on y installe, l’histoire qui y habite. 

Dieu que je l’aime mon appartement! Et je pense vraiment qu’il me ressemble. Le sourire me vient quand je pense à tous ces souvenirs qui y sont déjà liés. Les filles rient encore de la fois où en leur faisant faire le tour de mon quatre-pièces j’ai dit « ON va se poser des rideaux ». On blague en disant que j’ai un coloc imaginaire et on rit du fait que ce « ON » n’est pas sorti qu’une seule fois. Même rendue là, même après tous les efforts pour prendre la solitude par les cornes, je n’étais pas encore totalement débarrassée de mes anciens réflexes d’animal conjugal. 

Mais le « ON » est devenu moi. L’autre personne avec qui je partage mon appart. La Audrey qui me répond quand je me parle toute seule, qui chante à tue-tête en faisant le ménage, qui se chicane elle-même de pas avoir acheté du lait. Vous savez, c’est aussi la folie la solitude. Oh oui! On vire fou ;) Une belle folie, saine. Qui nous fait prendre conscience de nos tares. De toutes ces manies que l’on a, que l’on déguise quand on vit avec les autres, mais qui font aussi partie de nous. Ouais... peut-être que c’est juste moi qui a toutes ces manies-là finalement et que je suis en train de vous révéler mes imperfections... Oups, disons qu’on va passer vite sur ce point-là!

Tout ça pour en venir à voyager en solitaire. Le dernier test, en l’occurrence Londres, est aussi la dernière porte vers la solitude. Le but est d’arriver à être bien dans la solitude du travail, doctorat oblige. D’arriver à être bien longtemps, loin de ceux qui sont mes phares, de vous. D’arriver à laisser tomber mes dernières barrières dans la solitude de l’inconnu. D’arriver à découvrir une partie de moi qui existe, mais que je n’arrive pas à déterrer chez nous. C’est d’arriver à me satisfaire dans l’inexploré et donc d’essayer, de prendre des risques, d'aller à l'aventure.

J’écris ce post fort probablement parce que pour la première fois de ma vie, ça fait un mois que je n’ai pas vu aucun de vous et je ne me tortille pas d’ennui. Pour être honnête, je pensais que j’aurais quelques moments en recevant un de vos messages, ou en aillant une discussion sur skype, ou en croisant un endroit qui me fait penser à vous, j’aurais eu ce pincement au cœur. Celui que je connais si bien. Mais non. J’ai pensé à vous tous les jours pour pleins de raisons. Vous êtes avec moi dans toutes les découvertes et tous les évènements, mais je n’ai pas besoin de votre présence. Pas encore du moins.

J’attends mes parents qui font un saut en ville pour une semaine et j’ai hâte de les voir, mais j’aurais pu me passer de leur visite. Étrangement, c’est mieux. C’est comme si le fait que leur présence n’est pas un besoin, mais seulement un plaisir, ça rend leur venue encore plus délicieuse. J’ai envie de partager Londres avec eux, mais de savoir qu’elle sera encore à moi tout plein après leur départ, c’est chouette ;)

Pour en revenir à vivre en solo, j’arrive à un point où je crois que ça n’a plus aucun rapport avec vivre seule. Je crois que la solitude dont parle Nietzsche, c’est la sérénité du cœur, c’est l’intériorité, ce n’est pas être littéralement seule. J’aime l’anglais pour la distinction que cette langue fait entre « alone » et « lonely ». Quand on comprend la différence, la vie est plus douce.

Bref, l’ordre des étapes vers la solitude est peu important. Certains préfèrent partir en voyage avant tout. D’autres se concentre sur l’égoïsme et des fois restent pris là un peu trop longtemps. Pour d’autres les étapes sont différentes. Ils écrivent, peignent, créent, se perdent dans la nature, reviennent aux sources. Chacun ses étapes, chacun son timing, chacun ses tests. Peu importe la manière, j’espère que chacun de vous aura la chance d’apprivoiser la solitude à un moment ou à un autre de sa vie. Pour comprendre toutes les choses magiques qui s’y cachent, les rencontrent qui en naissent. Parce qu’aimer être en solo ça a bizarrement l’effet d’un aimant.