dimanche 20 février 2011

My week in hearts ♥,diamonds ♦, clubs ♣ and spades ♠

Vous savez ces tables de poker dans les casinos où les gens jouent des parties à gros budget et autour desquelles plusieurs personnes s’installent pour analyser les stratégies des maîtres de la frime? Bien, cette semaine je me sens à la fois comme la mise qui est en jeu, le croupier, un joueur et une des spectatrices.

La semaine s’est déroulée à la vitesse de l’éclair et j’ai eu l’impression constante que je n’arriverais pas à reprendre le contrôle sur les évènements. Que je gagne une main ou que je brasse les cartes importe peu, car j'imagine que la seule chose qui me reste à faire à partir de maintenant c’est d’y aller « all in » et de faire confiance au hasard pour le reste de la partie.

Voici quelques levées de cette joute enlevante...

Les valets de cœur

Lundi c’était la St-Valentin et je l’ai passé à discuter de bioéthique avec des collègues. Je me suis enrôlée dans un séminaire de deux jours sur les questions transnationales soulevées par les politiques biomédicales. J’en ai tiré une réflexion très intéressante sur la place des comités d’éthiques dans les processus de prise de décision un peu partout au monde. C’est une chose à laquelle je réfléchis depuis un petit bout de temps étant donné que c’est une des différences majeures entre le processus politique canadien et britannique. Ici les comités d’éthiques influencent l’adoption d’une « hard law » tandis qu’au Canada, ces mêmes comités sont davantage liés à l’établissement de codes de pratiques qui ne comportent pas nécessairement d’engagement légal. 

Vous voyez, j’ai le cœur dans la tête et ça fait en sorte que j’ai complètement oublié que c’était la fête des amoureux. Ce n’est pas vraiment que la St-Valentin soit importante en soi. Bon OK. Peut-être un peu… 

Faut dire que je suis une éternelle romantique qui aime bien cette fête, malgré toutes les critiques que l’on peut en faire. Vous ne trouvez pas que c’est un peu cliché de ne pas aimer la St-Valentin quand on est célibataire ? Je trouve que c’est trop facile, c’est comme un enfant qui n’aime pas les brocolis. Alors, j’assume. 

J’adore l’idée de dire aux personnes importantes pour moi que je les aime, les petites attentions particulières qui viennent avec cette journée et le rouge. Donc, vous comprendrez que j’étais un peu triste dans le métro à mon retour vers la maison en constatant cet oubli impromptu et en voyant tous ces couples se serrer amoureusement. 

Par bonheur, quand je suis arrivée de mon souper et que j’ai regardé mes courriels, deux beaux messages m’attendaient. J’ai deux valentins qui m’ont envoyé des bisous même si je suis au bout du monde. Deux personnes qui m’ont remplie de bien plus que de réflexions complexes. En quelques lignes, ils m’ont fait sentir comme la personne la plus importante sur terre. Et j’ai bien dormi :)

La Dame de carreau (The Queen of diamonds)

Il faut quand même que je vous raconte l’épisode le plus surréaliste de ma semaine. Comme je vous en ai glissé un mot dimanche dernier, j’avais rendez-vous mercredi soir au Ritz. Je peux vous dire d’emblée que j’ai eu l’impression d’être dans un film de Woody Allen toute la soirée. C’était un peu absurde. On aurait dit que Lily avait jeté son dévolu sur moi et m’avait élu sa dame de compagnie.

On a bu un verre de boisson aux fruits non alcoolisé qui coûtait les yeux de la tête dans le salon rond de l’hôtel où les butlers semblaient connaître Lily comme si elle fréquentait souvent l’endroit. Vers 20h on s’est déplacé vers un chic bistro français pour le repas et on a terminé la soirée chez Lily où elle m’a gentiment servi un thé. En soi, c’était très chouette de se faire payer la traite comme ça, mais quand même, c’était un peu étrange.


Au départ, j’étais impressionnée par les endroits élégants qu’elle avait choisis, le décorum des serveurs du Ritz et de chez Racine, et aussi par la petite rivière de diamants au doigt de ma compagne. Mais bizarrement ce sentiment est disparu assez rapidement pour être remplacé par la curiosité, l’amusement et un peu de pitié … je dois l’avouer.

Bien qu’elle n’ait pas arrêté de me parler de son fils et de sa vie à Londres, de ses amis de la haute et des endroits chics qu’elle fréquente, je n’ai pas vraiment réussi à reconstruire la vie de cette dame. Je suis encore dans la brume par rapport à ce qu’elle a fait dans la vie et pourquoi elle est à Londres depuis sept ans. Et lorsque je posais des questions, presque chacune d’entre elles était brillamment écartée pour revenir au propos qui lui plaisait davantage. De là ma curiosité.

Il me semble après l’avoir écouté qu’elle se considère et est probablement un peu comme la pauvre des riches. Je vous donne des exemples : elle me parle de ce sac à main Louis Vuitton qu’elle veut se procurer (environ 1000£), mais qu’elle ne peut pas se permettre d’acheter à prix régulier, elle vit dans Kensington dans un appartement minuscule (plus petit que le mien à Montréal) à deux pas du Harrods qui coûte prêt de 1000£ par semaine. Lorsqu’on prenait le thé chez elle, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que c’est un peu ridicule d’être si riche, mais de ne pas s’offrir davantage, seulement parce que l’on est attaché à un genre de « standing » qui nous force à entrer dans un moule au prix exorbitant. De là mon amusement.

Mais, le plus embarrassant, c’est que cela ne m’a pris que quelques minutes pour comprendre que cette femme est foncièrement isolée. Que derrière ses manières mondaines, elle parle avec les gens et invite des personnes comme moi à partager ses repas, parce que sinon, elle se retrouve seule. C’est une peu triste de penser qu’une femme si gentille et brillante s’en remet à des inconnus pour combler sa solitude. De là ma pitié.

Sa générosité est incroyable et j’ai peine à croire qu’une étrangère m’a si gracieusement offert une soirée dans ces endroits chics de Londres. Je lui ai promis d’aller faire les musées un dimanche et ce sera avec plaisir que je la reverrai. De toute manière, elle m’a redit mille fois qu’elle voulait que je présente mon travail à une douzaine de ses amis lors d’une soirée « informelle », alors il semble bien que j’aurai la chance de faire quelque chose pour elle en gage de ma gratitude. Et bon, ce n’est pas tous les jours que quelqu’un vous ouvre la porte sur un univers V.I.P. comme celui-là quand même.

L’As de Trèfle

Je ne vous ai pas encore parlé de Cathy et je dois absolument le faire, car je dis souvent en riant qu’elle est comme mon trèfle à quatre feuilles. Cathy est elle aussi Visiting Research Scholar à BIOS, mais je la connais depuis un an déjà. Mon collègue belge, David, m’en parle depuis des lunes et j’ai fini par avoir l’occasion de la rencontrer l’an dernier juste avant Noël. Une professeure de l’Université d’Ottawa nous avait invités à souper à son appartement de Montréal. C’est elle qui nous a finalement mis sur le même chemin…un chemin qui nous a menés tous les deux à Londres.

Quand j’ai organisé mon périple, je ne savais pas que Cathy était à BIOS depuis le mois de septembre. C’est David qui m’a annoncé cette nouvelle dans une de nos correspondances avant les fêtes de cette année. J’étais contente de savoir que j’allais connaître quelqu’un ici, mais j’étais loin de me douter d’à quel point, sa présence serait un trésor.

Pourquoi ? Parce qu’elle est ce qui aurait manqué à BIOS pour être parfait autrement, soit une perspective « famille » dans cet univers biomédical.  Les professeurs associés à BIOS sont tous les deux en congé sabbatique. Même s’ils sont disponibles et vraiment ouverts à me rencontrer, leur supervision est tout de même limitée. Dans ce contexte, Cathy a pris le rôle de mentor.

On s’est donc donné comme objectif, elle et moi, de se rencontrer trois fois pendant mon séjour pour discuter de notre travail. La formule est simple : on s’échange chacun un texte, qui l’on lit et critique, pour donner des commentaires et des suggestions à l’autre. On s’est rencontré pour la première fois cette semaine et elle a complètement délié les problèmes que j’ai avec un article depuis un an. Elle a trouvé mon fil conducteur et m’a donné des trucs pour mettre en évidence mon argument. Elle m’a indiqué les points forts tout en poussant ma réflexion plus loin.

Il est clair que je bénéficie beaucoup plus de cet exercice qu’elle, malgré qu’elle dise apprécier autant que moi ces échanges. C’est extraordinaire pour moi à ce stade-ci de mon processus. Ceux qui sont dans ma situation savent à quel point il est difficile de trouver une personne capable de donner de la bonne rétroaction sur notre travail, de formuler une vraie critique pertinente et constructive.

Sur un plan plus personnel,  elle fait partie de ma petite bande de copines avec qui on fait nos « girls night out » hebdomadaires. Partager des soirées en sa compagnie est un vrai bonheur parce qu’elle teinte nos conversations avec son humour déluré et son ouverture d’esprit. Elle est d’origine belge, mais partage mon amour de Montréal, connaît mes réseaux et me fait profiter du sien ici. Moi petit doigt me dit qu’elle deviendra une collègue et une amie très importante dans les prochaines années. 

2 commentaires:

  1. Je me bidonne!
    C'est le genre d'événement qui aurait bien pu m'arriver. Il est donc possible d'annoncer haut et fort que: « Ça prend du vécu » pour un anglophone avant de reconnaître que le français n'est pas un simple accent de la langue anglaise.
    -Tonique mon cher Watson dirait un grand anglais bien connu

    Donnez quand même à Brian une autre chance! Et, évitez les gestuelles près de son verre, ça ne doit pas se reproduire. Les impacts seraient probablement moins loufoques.

    FÉLICITATIONS MESDEMOISELLES, vous êtes des ambassadrices de la francophonie de confiance!

    Maman Martine

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  2. Beau duo mesdemoiselles! Les Américains n'ont qu'à bien se tenir.

    Petite anecdote : je m'étais fait demander lors de mon été en Angleterre si j'étais venue du Québec par train!?!? Et moi de rétorquer : « oui, oui, par le Transatlantique! »

    à bientôt mon amie!

    Gen L. xx

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