vendredi 11 mars 2011

Transport Chronicles


Je vous ai déjà parlé, d’à quel point les transports ici sont une source à la fois d’angoisses et de divertissement. Cette jungle urbaine doit être apprivoisée et domptée afin d’en retirer profit, à tous les niveaux. Le métro est encore l’endroit le plus déjanté en ville, mais je dois vous confier que j’ai découvert, il y a quelques semaines, les vertus du double-decking (a.k.a. les autobus rouges à deux étages).

Un des bonheurs d’accueillir des amis en ville, c’est de sortir beaucoup et donc de voyager énormément en transport en commun. On a donc accumulé, Marie, Mathieu, Rukmini, Paul et moi, de multiples histoires de bus et d’Underground.

Avec les double-decks il faut quand même s’habituer à cette impression que l’on a du deuxième étage, que les autobus écrasent les gens sur la rue. C’est saisissant au début quand même. La perspective n’est pas toujours fidèle à la réalité et on sursaute systématiquement lorsqu’on y monte pour les premières fois. Or, rien n’est plus amusant que de dévaler les rues londoniennes en hauteur.


Petit conseil si vous venez à Londres et que vous sortez après le dernier métro, il faut que vous fassiez signe à l’autobus pour qu’il s’arrête à l’arrêt, sinon il va vous passez dans la face. Mais rassurez-vous, vous ne pourrez jamais manquer votre objectif puisque le chauffeur annonce les stops au micro tout au long du trajet. Si vous êtes chanceux, vous tomberez sur le chauffeur à la voix porno.

Il parlait autant que respirait dans son micro ce qui nous a fait pouffer de rire simultanément moi et Marie. Imaginez cette phrase dite langoureusement avec un peu trop d’intensité, d’accent anglais et de respiration et tentez de rester sérieux : « This is a picadilly line service to Cockforters »

Prendre le bus vers 3 heures du mat vient aussi avec son lot de responsabilités. Il faudra peut-être que vous sauviez une jeune femme en détresse. Dans notre cas elle se prénommait Luca. Victime de la mode décourageante de sa génération anglaise elle a eu besoin qu’on la tire des griffes d’un individu louche à la dentition défaillante qui s’était éprise de son anatomie ostentatoire au coin des rues Euston et Tottenham Court Road. La demoiselle fut sauvée en dépit de son abus de mascara et de fausse fourrure.

Même si la vue des autobus est attirante, descendre dans les limbes du métro nous offre souvent efficacité et récréation. Dans l’Underground on a accès à toutes sortes de personnages, particulièrement vers l’heure de fermeture de ses portes. L’anecdote la plus savoureuse reste encore celle du mec coké dans la Northern Line.

Il est entré dans le train en sautant littéralement à bord et a demandé à la ronde : « King’s Cross?? » Ceci n’est pas particulièrement cocasse, mais l’image doit être complétée en précisant que la question était posée accompagnée de « two thumbs up » avec les yeux écarquillés.

Ensuite, il a tenté de s’asseoir, mais comme toute personne qui a pris de la cocaïne, il était incapable de rester en place. Il a commencé par fouiller dans ses poches pour en faire l’inventaire. Tombant sur sa carte de crédit, qui avait dû lui servir à couper ses lignes de coke, il l’a doucement liché afin de vérifier s’il ne restait, par hasard, quelques soupçons de la substance magique. Ceci eut comme effet de déclencher notre hilarité encore une fois.

Mais, ce n’est pas encore fini. Comme il n’était pas encore arrivé à destination (nous n’avions même pas atteint la station suivante) et qu’il était incapable de rester assis, il s’est levé d’un bond, s’est agrippé au poteau pour danser autour gracieusement. Finalement arrivé à la station suivante (la première, là, pas encore sa destination), il s’est lié d’amitié avec un monsieur trop saoul qui est entré dans la rame. Les deux hommes semblaient se comprendre parfaitement. C’était vraiment drôle!

Mais dans le métro on croise aussi des gens un peu fatiguant, notamment, cette Belge qui, nous entendant parler français s’est écriée : « ah non! Pas encore des Français!! ».  Marie, d’un air bête, leur a répondu de manière brève et claire « NON! ». En continuant de nous écouter parler et en entendant un « c’est de la marde » elle finit par comprendre qu’on était des Québécois. Évidemment, elle s’est mise à sortir les sacres qu’elle connaissait.

Un peu excédé par ce trop-plein de stéréotypes, Mathieu lui a fait remarquer que nous utilisions aussi le terme Caribou à toutes les sauces. Celle-ci n’a pas compris le sarcasme et s’est mise à crier « Tabarnak de Caribou » dans le métro. Vraiment glorieux! On était assez contents qu’elle finisse par descendre à la station Camden Town.

D’ailleurs, c’est à cette station que l’on peut observer les plus rares spécimens.  Pour vous donner quelques exemples, je peux mentionner : ce couple de punks d’environ 45 ans qui a adopté le style dans les années ‘80 et qui, aujourd’hui, s’y conforme toujours à la lettre; la fille avec les dreds de toutes les couleurs arborant une passe ornée d’oreilles de chat; plusieurs androgynes, dont une avec une coupe de cheveux de type « bol »; etc.


Or, ce qui est le plus cocasse c’est le peu de subtilité de Marie. Lors de toutes ces péripéties de transport, elle s’exclame souvent d’un rire, d’un arke ou de toute autre onomatopée ou commentaire.

Marie - « arke c’est international ça??!! »
Moi -« oui »
Marie - « fuck »
Moi – soupir…

Un soir en direction de Hampstead, je remarque un homme qui laisse gentiment sa place à une jeune femme dans le métro. En mentionnant à mes amis la galanterie de ce geste, Marie me répond sans aucune retenue que l’homme en question a simultanément laissé son siège, remonté ses culottes et ajusté sa ceinture devant elle.

Le monsieur devait parler français ou au moins le comprendre parce qu’il a souri de toutes ses dents à Marie à la suite de cette observation si juste. Elle a pu se racheter un peu en baragouinant une explication quelconque sur les aléas de la vie d’un pantalon et d’un homme galant. C’était assez cocasse de la voir essayer de se sortir du pétrin… L’homme n’était pas du tout fâché, évidemment!

Pour finir, je dois souligner que Mathieu s’est beaucoup amusé avec les noms des lignes et des stations de métro. Bakerloo, Jubilee, Elephant and Castle, Euston (on a un problème…), Osterley, Pimlico, Pudding Mill Lane, Ruislip, et j'en passe. Quoique son classique restera tout de même la « Picadilly line to Cockfosters »...




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